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Découpage territorial : les nouvelles régions françaises ingouvernables ?

Le jeu technocratique de la construction des nouvelles régions sur la carte de France, pratiqué par le gouvernement, a débouché sur un puzzle hexagonal de 13 nouvelles régions avec l’improbable mariage «Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne».

L’objectif essentiel de la réforme perdu de vue

Tout le monde semblait d’accord avec l’objectif annoncé de cette réforme: atteindre une taille critique, afin d’être plus compétitif. En clair, cela veut dire mutualiser les moyens des uns et des autres au service d’une stratégie concertée. Mais pour réussir à se rassembler autour d’objectifs communs – ce sera le premier travail des nouvelles régions – il faut un minimum de logique économique et territoriale dans les périmètres concernés. C’est pour cette raison qu’une grande région «Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne», dépourvue de cohérence, ne sera pas viable. Personne ne semble non plus s’être préoccupé de ce que cela pourrait apporter à nos entreprises en matière de simplifications ou de fiscalité. Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que l’on ne parle pas des économies qui pourraient être réalisées, ni même de l’organisation concrète de cette super région.

Des convergences possibles avec nos voisins?

On peut difficilement envisager des projets convergents avec la région Champagne-Ardenne, dont l’économie est naturellement tournée vers Paris et les pays du Nord. Si nous partageons avecla Lorraine une histoire commune mouvementée et un droit local spécifique, les coopérations ne sont pas beaucoup plus évidentes: nous nous trouvons sur l’axe majeur européenNord-Sud vers la Mer du Nord, mais nos ports sont concurrents, nous développons des relations transfrontalières, mais l’Alsace est centrée sur la Suisse et le Pays de Bade… Le risque majeur de cette réforme, c’est celui d’une grande région où les décisions seront diluées et difficiles à prendre, alors que l’Alsace a de grands challenges à relever. Notre région est économiquement forte, mais nous serions la plus petite composante avec 1,8million d’habitants sur 5,4millions.

Privilégier la logique économique

Si l’objectif est d’être plus compétitif, le découpage des régions doit s’appuyer sur la logique économique. Pour l’Alsace, un rapprochement avec le Territoire de Belfort et le pays de Montbéliard pourrait faire sens. Et n’oublions pas nos partenaires européens! Nous multiplions les coopérations transfrontalières avec nos voisins du Pays de Bade et la Suisse du Nord-Ouest, nous développons l’apprentissage transfrontalier, nous avons une culture rhénane commune… Les synergies économiques sont évidentes avec l’Allemagne qui a un fort besoin de main-d’œuvre, alors que le taux de chômage des jeunes reste élevé en Alsace. La balle est désormais dans le camp des sénateurs qui auront à examiner cette réforme dès cet automne. Les CCI d’Alsace les exhortent à revenir au bon sens, loin de tout marchandage politique. Une véritable logique économique et territoriale est la condition du succès de cette réforme. L’Alsace, tout comme la Bretagne, peut assurer seule son développement économique.

05/09/2014Partager