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Construction de logements neufs : Les professionnels réclament une politique publique ambitieuse en faveur de la construction et de l’investissement

Alsace

Selon une étude commanditée en début d’année par la Fédération des Promoteurs Immobiliers, la France aurait besoin de 450 000 logements neufs chaque année. En 2022, seuls 370 000 logements ont été mis en service. Il est urgent de rattraper le retard et de faire de la construction de logements neufs une priorité nationale pour éviter une hausse de prix aggravant la situation actuelle déjà alarmante.

 

Lors d'une conférence de presse , ce mardi 19 septembre 2023 à la FFB 67, Frank MAIRE, Membre du Bureau de la CCI Alsace Eurométropole, Jean-Luc HOFFMANN, Président de la Chambre de Métiers d'Alsace, Jean CAGNINA, Président de la Fédération Française du Bâtiment du Bas-Rhin et Olivier LANG, Président de la CPME du Bas-Rhin ont lancé une alerte à propos de  l'effondrement inquiétant de la construction de logements neufs en Alsace et en France en présence de Vincent THIEBAUD - Député, Claude KERN - Sénateur, Etienne WOLF - Conseiller d'Alsace et Anne- Marie JEAN, vice-Présidente de l'Eurométropole de Strasbourg.

 

 

Une crise sans précédent pour le secteur du logement neuf

Les ventes totales de logements neufs en France ont chuté de 34,3 % entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023. Au second trimestre 2023, la situation s’est encore dégradée, la réservation de logements neufs chutant de 10,4 % par rapport au trimestre précédent. C’est la cinquième baisse trimestrielle consécutive pour ce secteur qui s’enfonce ainsi depuis un an dans une crise d’une ampleur inédite. Une véritable récession qui pourrait menacer 100 à 150 000 emplois sur le plan national.

Cette situation a de multiples causes :

  • les coûts de la construction ont augmenté avec la crise du prix des matériaux, aggravée par la guerre en Ukraine et l’explosion du prix des énergies, à laquelle s’ajoutent aussi les coûts engendrés par la mise en place de la réglementation thermique (RE2020) destinée à réduire la consommation énergétique et l’impact carbone des bâtiments neufs. L’inflation des derniers mois est venue enfoncer le clou.
  • le second frein majeur pour les ménages et les investisseurs, c’est le prix du foncier qui continue à croître rapidement en raison de sa rareté. L’objectif Zéro Artificialisation Nette des sols (ZAN) va d’ailleurs encore contribuer davantage à cette hausse, en créant également de sérieux problèmes d’aménagement du territoire, notamment pour l’accueil de nouvelles activités économiques, génératrices d’emplois sur le territoire.
  • la remontée significative des taux d’intérêt bloque l’accès au crédit pour de nombreux acheteurs potentiels qui pouvaient encore espérer décrocher un prêt quelques mois plus tôt. En janvier 2022, le taux moyen pour un prêt immobilier toutes durées et banques confondues était de quelque 1,06 %. En septembre 2023 il est de 3,47 % sur 10 ans, 3,89 % sur 15 ans et 4,13 % sur 25 ans. Les banques sont de plus en plus frileuses à l’idée d’octroyer un crédit immobilier, la capacité d’emprunt d’un ménage restant bloquée à 33 % des revenus, ce qui limite grandement les perspectives. D’autant que la Banque centrale européenne vient d’annoncer une dixième hausse consécutive de ses taux directeurs !
  • la réduction des mesures de soutien à la construction de logements neufs annoncée par L’Etat va également ralentir la construction de logements neufs. En 2025, le dispositif Pinel s'éteindra définitivement, après avoir été érodé en 2023 puis en 2024.

Une priorité nationaleAVEC une politique publique ambitieuse en faveur de la construction et de l’investissement

Face à cette situation, la Chambre de Commerce et d’Industrie Alsace Eurométropole et la Chambre de Métiers d’Alsace se sont associé à la Fédération Française du Bâtiment du Bas-Rhin pour interpeller par voie de courrier le Président de la République à l’occasion de sa visite de l’entreprise Mathis à Muttersholtz, le 19 avril dernier. Jean-Luc Heimburger, Jean-Luc Hoffmann et Jean Cagnina ont ainsi appelé Emmanuel MACRON à mettre œuvre des mesures pour enrayer le scénario de crise : libération du foncier, simplification des procédures d’urbanisme, assouplissement des règles sur le crédit immobilier, avènement d’un statut de bailleur privé.

Le Président de la CCI avait déjà alerté Olivier KLEIN, Ministre délégué à la Ville et au Logement, par un courrier du 17 novembre 2022, à propos de l’effondrement du marché du logement neuf en suggérant de mettre en place une politique publique en faveur de la construction et de l’investissement dans le logement autour de 3 axes :

  • soutien aux opérateurs économiques impactés par la hausse du coût des matières premières ;
  • mesures favorisant l’accès à la propriété (prêt à taux zéro à 40 %, crédit d’impôt sur les annuités d’emprunts pour compenser les surcoûts liés à la RE2020) ;
  • instauration d’un régime universel d’investissement locatif privé basé sur une mécanique générale d’amortissement visant à faire rentrer l’immobilier locatif privé dans le champ des activités économiques.

La CCI, la Chambre de Métiers et l’ADIRA ont également édité un Guide des bonnes pratiques de sobriété foncière à destination des dirigeants d’entreprises et des décideurs des collectivités pour repenser collectivement l’approche de l’utilisation du foncier à vocation économique, en impliquant l’ensemble des acteurs : entreprises, élus, aménageurs, constructeurs...

Mais aujourd'hui l'effondrement du marché du logement neuf est un sujet d'inquiétude vive pour toute la société. Ce sont en particulier les primo accédants, les salariés en mobilité et les étudiants qui sont pénalisés. La relance de la construction de nouveaux logement doit s'ériger enpriorité nationale avec des objectifs partagés par les pouvoirs publics, les collectivités et tous les acteurs du secteur d'activités.

 

19/09/2023Partager