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Alain Sommerlatt Directeur Général de Rosace Fibre : « Gommer la fracture numérique »

© Dorothée Parent

En quoi le déploiement du très haut débit en Alsace est-il singulier ?

AS • Ce projet, mené pour la première fois en France à si grande échelle, s’inscrit dans le cadre du Schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN), élaboré sous la maîtrise d’ouvrage de la Région Grand Est et des Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. L’objectif est de permettre l’accès au très haut débit pour tous les Alsaciens d’ici 2022, exclusivement à la fibre optique intégrale. La conception, la construction, l’exploitation, la commercialisation et la maintenance du réseau, ainsi que le financement ont été confiés à la société Rosace dans le cadre d’une délégation de service public concessive. L’opération représente un investissement de 450 millions d’€ au total. 36 % de l’investissement sont pris en charge par des acteurs publics (État, Région Grand Est, Départements, EPCI, l’Union européenne), 64 % par des sociétés privées (NGE, Altitude Infrastructure, Fonds d’investissements Marguerite et Quaero, la CDC, banques).

Un déploiement plus rapide certes, mais en termes de coûts, est-ce que le THD devient accessible ?

A.S. • Au départ, les acteurs publics locaux devaient financer 350 € par prise. Grâce à la mobilisation des sociétés privées réunies au sein de Rosace avec un large tour de table, les collectivités locales n’ont plus à supporter que 175 € par prise. J’ajoute que le particulier n’aura rien à débourser pour être raccordé à la fibre optique. Cette fibre arrivera devant chez lui. Il n’aura à payer que les éventuels frais de mise en service fixés par les opérateurs privés et bien sûr l’abonnement mensuel, de surcroît avec des offres multiples pour lui permettre de choisir le meilleur rapport qualité-prix en fonction de ses besoins. C’est la première fois en France qu’un projet est mis en œuvre avec une telle volonté politique et une telle équité territoriale. Pour les entreprises, des offres spécifiques seront proposées par des opérateurs incluant la mise en service de la fibre et des services sur mesure comme, l’infogérance, le cloud computing, la visioconférence.

Quelles sont les prochaines étapes du calendrier de déploiement du THD en Alsace ?

A.S. • Le projet Rosace se déploiera dans un premier temps sur 696 communes alsaciennes, soit près de 380 000 prises d’ici à 2022. Après les études réalisées en 2016, suivront cinq années de travaux, dont les deux premières pour équiper la centaine de communes dans lesquelles 50 % de la population dispose d’un débit internet inférieur à deux mégabits/seconde. Il n’y aura pas de fracture numérique en Alsace. Il n’y aura pas de laissés-pour- compte de la fibre optique. Même si sur le plan législatif, la fibre optique n’est pas un service universel en France comme l’était le téléphone, nous agissons comme si cela devait être ainsi en Alsace.

Le THD sera véritablement un moteur pour le développement économique ?

A.S. • La fibre optique est un outil d’aménagement du territoire, d’attractivité de l’Alsace et un puissant levier de soutien au tissu économique. Pour les entreprises, la fibre optique est aussi indispensable aujourd’hui que l’étaient hier l’eau, l’électricité ou les routes. Les services et les usages numériques possibles avec la fibre optique doivent encore être mieux connus par le monde économique. Nous voulons agir dans ce sens, aux côtés de la CCI Alsace. C’est d’ailleurs avec le Pôle Formation CCI que nous avons ouvert une École de la fibre optique qui formera chaque année une centaine de personnes. Cette école est exemplaire de notre démarche et Rosace y est engagée avec des acteurs industriels - NGE et Altitude Infrastructure - et des établissements de formation – Pôle Formation CCI et AFPA -. Ne l’oublions pas : le déploiement de la fibre optique va fournir, en pleine puissance, du travail à 500 personnes et peut-être générateur de nouvelles activités au sein des entreprises. Propos recueillis par Éric Pilarczyk

14/11/2016Partager