Région Grand Est : plus grande, plus puissante?

Avec près de 800 km ouverts sur l’Europe, la région Grand Est possède de solides atouts et espère rebondir en renforçant ses liens avec des économies voisines en pleine ébullition. Mais il lui faut aussi pallier le recul de l’industrie dans de nombreux territoires et résorber le chômage qui en découle. La priorité: regagner de l’attractivité, notamment vis-à-vis des investisseurs étrangers, et soutenir la reconversion industrielle. Dossier réalisé par Éric Pilarczyk

Repères

132000

Deuxième région industrielle de France, le Grand Est compte près de 132000 entreprises, huit pôles de compétitivité, cinq universités et plus de 185000 étudiants.

8,8%

Elle regroupe dix départements sur 57 000 km² et compte 5,5 millions d’habitants, soit 8,8% de la population française.

 

Suisse, Allemagne, Luxembourg, Belgique… L’économie de la région Grand Est se caractérise d’abord par sa dimension transfrontalière, unique parmi les treize régions françaises. Un atout qui en fait la première région française tournée vers l’Europe. D’autant que ces zones frontalières se distinguent par leur richesse et leur dynamisme, une population relativement jeune et un taux de chômage plus faible que la moyenne de la région. Les travailleurs frontaliers sont nombreux: la région Grand Est en dénombre environ 175000, soit près de la moitié de tous les frontaliers métropolitains. Près de 83000 d’entre eux travaillent au Luxembourg, 47000 en Allemagne, 36000 en Suisse et 9000 en Belgique. Une mobilité professionnelle qui s’accompagne d’un apport de pouvoir d’achat important, sachant qu'au Grand-Duché ou dans les cantons bâlois, le PIB par habitant est quasiment le double de celui de la France. En trois ans, près de 10000 emplois ont été créés par ces entreprises à capitaux étrangers. Elles concourent à la moitié du chiffre d’affaires de l’industrie, très précisément à 60% en Alsace, 47% en Lorraine et à 19% en Champagne-Ardenne. En témoigne, par exemple, l’industriel allemand SEW-USOCOME qui a édifié, à Mommenheim/67, la plus grande usine construite depuis dix ans dans la région.

Crédit Photo : Région Grand Est - Christophe Bourgeois / Architectes : Atelier d’architecture Chaix & Morel et associés

 

Ferroviaire, numérique, formation, aménagement

Le renforcement de la coopération et des échanges avec les économies dynamiques voisines est donc stratégique pour la région Grand Est. L’ouverture européenne va de pair, en effet, avec une multiplication des initiatives de coopération transfrontalière. C’est le cas, en particulier, de l’apprentissage avec des contrats transfrontaliers. Dans le seul Bade-Wurtemberg, près de 10000 offres ont été recensées. Cette forte internationalisation est un puissant levier pour relancer la compétitivité économique d’un territoire disparate qui compte de nombreuses faiblesses. La région a perdu plus de 90000 emplois depuis la crise de 2008, dont 70000 emplois industriels. De même, l’offre ferroviaire, routière et aérienne se révèle insuffisante. Hormis l’autoroute A4 et la LGV Est européenne, la faiblesse des liaisons interurbaines est évidente. Pour l’exécutif régional, l’urgence est de mettre en œuvre les politiques publiques qui permettront aux territoires de renouer avec une nouvelle dynamique économique et sociale. Il doit procéder à de lourds investissements, dans le ferroviaire mais aussi dans le numérique et le très haut débit, dans la compétitivité, dans la formation et dans l’aménagement du territoire. La reconversion industrielle, le soutien à l’économie et l’innovation sont clairement prioritaires.

En phase avec les entreprises et les territoires

Des actions se font jour comme la création d’un fonds d’intervention unique à l’échelle du Grand Est pour intervenir dans les fonds propres des entreprises. Les synergies entre pôles de compétitivité se développent et des regroupements s’opèrent comme le Pôle Fibres-Energivie. Dans l’agroalimentaire, des PME se fédèrent pour négocier avec les centrales d’achats. La filière bois s’est dotée d’un portail d’information commun et les professionnels du tourisme réalisent des opérations conjointes à l’étranger. Sans oublier le chantier de la transition énergétique, créateur d’activités et d’emplois. La région Grand Est veut se poser à la fois en stratège et inscrire son action dans la proximité. Pivot de l’animation économique, elle a mis sur les rails un Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEII). Un véritable plan d’action actuellement élaboré avec l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels afin d’imaginer les solutions adaptées aux réalités des entreprises et des territoires et de regagner de l’attractivité. Cette démarche inédite sera aussi l’occasion d’harmoniser les politiques régionales de développement économique, d’innovation et d’emploi. Clarté, cohérence et performance sont les clés du succès de l’action économique de la région Grand Est.

© illustration Région Alsace

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