Internet et Big Data : un monde qui se réinvente

Les technologies numériques n’ont pas fini de révolutionner le monde. Avec les objets connectés et les évolutions qui se profilent, d’immenses perspectives de développement s’ouvrent aux entreprises. En filigrane, une production massive de données à maîtriser. dossier réalisé par françoise herrmann

Repères

80 Mds

le nombre de « choses » connectées sur la planète (Idate)

44000Mds de Go

le volume de données numériques mondial en 2020 (10 fois plus qu’en en 2013) Source IDC

 

Que de chemin parcouru, depuis l’apparition des premiers échanges de données par ordinateurs et la naissance de la toile… Ces dernières années encore, Internet et ses applications ont continué de croître, jusqu’à s’immiscer dans nos vies et dans celles des entreprises. Aujourd’hui, une nouvelle page économique s’écrit sous nos yeux. Elle est certes tirée par des entreprises locomotives comme Microsoft, Apple, Google, Facebook, ou Amazon… mais elle offre à tous les secteurs, à toutes les activités, la possibilité de se réinventer grâce au numérique. Pour, au final, trouver de nouvelles sources de création de valeurs. Car après les ordinateurs et les mobiles, nous voici arrivés à l’étape des objets connectés. Déjà, notre télévision, nos thermostats, nos volets, notre brosse à dents, nos vêtements, etc. sont ou seront connectés et communicants.

D’autres produits suivront, de plus en plus innovants, incluant notamment la réalité virtuelle. Cette évolution ne s’arrêtera pas à de nouveaux gadgets… Elle se situera « dans une interconnexion intégrale reliant tout être, toute chose, tous lieux », a affirmé Éric Sadin dans son ouvrage sur « L’humanité augmentée : l’administration numérique du monde » (Éditions L’Échappée, 2013). Alors que 15 milliards de « choses » seraient déjà connectées aujourd’hui à Internet, ce nombre devrait être multiplié par cinq d’ici à 2020, indique l’Idate (anciennement Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe, créé en 1977). Ils vont générer un gigantesque amas d’informations qui sera une mine d’or pour l’entreprise, à condition de pouvoir les analyser grâce à de complexes algorithmes. Du pain béni pour les sociétés spécialisées. Car derrière cette avalanche de technologies numériques nommée « Big data », se profilent des difficultés liées à la collecte, au stockage et à l’exploitation des informations. Le flux d’informations prendra de telles proportions qu’il ne sera plus possible de les stocker dans de petites boîtes. Il faudra inventer de nouveaux silos que sont les serveurs de taille gigantesque, repérés par des satellites. Le responsable d’entreprise devra être capable d’appréhender en temps réel des centaines d’informations provenant de ses fournisseurs et de traiter différentes données liées aux comportements de ses clients.

L’avènement du commerce connecté

Autant les grands de la distribution que les petites entreprises n’auront pas d’autre choix que de proposer des offres commerciales de plus en plus adaptées aux besoins, aux désirs des consommateurs. Les commerçants auront tout intérêt à collecter un maximum de données sur leurs clients afin de les exploiter pour les capter ou les relancer dans leur processus d’achat au bon moment. Si l’achat en magasin continue d’être important pour les consommateurs, ceux-ci effectivement, voudront disposer de la même information partout, en temps réel, et interagir facilement avec le commerçant. Que ce soit par des e-mails ou des sms envoyés directement sur tablette ou mobile, avec par exemple des promotions personnalisées et géolocalisées.

La protection des données

Mais quelles qualifications juridiques va-t-on attribuer à ces données en lignes, manipulables à moindre coût grâce aux technologies et outils issus du Big Data…? Il s’agira de se montrer prudent par rapport à l’utilisation des données privées. Sachant que rien ne se perd sur la toile, que les données vivent leur propre vie sur Internet sans que l’on puisse intervenir. Le phénomène Facebook est révélateur : photos et commentaires peuvent devenir source d’informations pour les grands groupes du e-commerce. Aujourd’hui déjà, la CNIL a le pouvoir de contrôler certaines données en ligne d’une entreprise via son site. Ces contrôles sont également faits par les agents de la Direccte. Comme le souligne l’avocat Alexandre Nappey (page 23), « il faut aller plus loin dans la réglementation ». Quoi qu’il en soit, pour mieux entrer dans les entreprises et leur permettre de générer de nouveaux clients, le numérique implique de la veille et de la formation, soulignait l’un des intervenants à la récente soirée e-commerce proposée par le CIC Est, en lien avec la CCI de Région Alsace. D’où l’intérêt de bien définir sa stratégie et se faire conseiller par des professionnels pour arriver à valoriser ses données et les enrichir. Dans ce dossier, un témoignage d’une société spécialisée dans les applicatifs et solutions de sauvegarde (page 24). Par ailleurs, les services de la CCI de Région Alsace proposent des sessions d’accompagnement aux associations de commerçants.

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