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Tanneries Haas : cuir, luxe et beauté

À Eichhoffen/67, petit village au sud de Strasbourg, le travail du cuir se pratique depuis six générations. Le savoir-faire déployé par la famille Haas est apprécié au-delà des frontières.

Hermès, Chanel, Longchamp, Vuitton… de grandes maisons qui ont un point commun. Toutes s’approvisionnent auprès des Tanneries Haas, l’un des derniers fleurons de l’industrie du cuir. «Sur 19 entreprises employant 850 personnes en France, nous sommes cinq à être spécialisées dans la transformation des peaux de veau en cuir», précise Jean-Christophe Muller-Haas, représentant de la sixième génération de la famille. Le cuir représente un travail artisanal de longue haleine: il faut environ quatre semaines pour transformer une peau en produit fini, après quelque 100 manipulations! À Eichhoffen, on a commencé à transformer le cuir en 1842.

De la chaussure à la maroquinerie

De la fabrication de semelles de pantoufles au façonnage de cuirs destinés à l’industrie du luxe, que de chemin parcouru… Jean-Christophe Muller-Haas observe: «Alors que la filière cuir a perdu près de la moitié de ses effectifs entre 1985 et 2005, nous avons su traverser les crises industrielles avec succès.Déjà, en 1970, nous avions pris un virage important en passant de la chaussure à la maroquinerie, à l’habillement et à la sellerie. Puis nous avons investi le marché du luxe et du haut de gamme en chaussure et en maroquinerie». La croissance exponentielle de la demande de l’industrie du luxe a dopé l’entreprise: «nous répondons, souvent en flux tendu, à quelque sept collections par an, aux inspirations diverses». Essentiellement utilisé par les Tanneries Haas, le veau est issu à 90% de France, en provenance directe des abattoirs. Le prix actuel d’une peau à l’état brut de 2m² se situe aux environs de 110€ HT. «Après une stabilité en 2010-2011, les prix des peaux de veau ont considérablement augmenté ces derniers mois. Cette matière première se raréfiant, nous nous verrons obligés tôt ou tard de chercher d’autres matières», observe le PDG. À la tête de l’entreprise depuis une quinzaine d’années, Jean-Christophe Muller-Haas est aussi l’interlocuteur privilégié de certains stylistes issus de maisons prestigieuses.

Une nouvelle ligne de production

Actuellement, 700 peaux sont fabriquées par jour. Pour mieux répondre à l’accroissement de la demande, un nouvel atelier de 500 m² a été ajouté au bâtiment existant, portant la superficie totale à 2 300 m². Il doit permettre d’augmenter la production d’environ 10 %, mais surtout d’améliorer les conditions de travail et la flexibilité des équipes. La nouvelle ligne de haute technologie a induit l’embauche de trois personnes, formées en rotation sur les autres machines. Le PDG imagine déjà une nouvelle extension, d’ici cinq ans, pour arriver à un traitement journalier de 1000 peaux. Les Tanneries Haas réalisent un chiffre d’affaires de 26,5 M€, dont 33% à l’exportation, avec comme premier client l’Italie. La maroquinerie constitue le premier segment avec 73% des ventes. Chaussures et sellerie atteignent respectivement 13% et 10% de la production, l’habillement avoisine les 3%.

La saga familiale des Tanneries Haas et des dates-clés

Héritière d'un artisanat prestigieux, la famille Haas perpétue le goût du bel article en façonnant dans ses ateliers les plus beaux cuirs de veau. Retour sur quelques dates-clés des Tanneries de Eichhoffen.

1842

Aloîse Haas transforme une filature en fabrique de pantoufles, à laquelle il adjoint une tannerie pour la fabrication des semelles des pantoufles.
Le canal de dérivation de la rivière de l’Andlau est créé (il alimente toujours la tannerie).

1868

Emile Haas succède à son père, abandonne la fabrique de pantoufles, ne conservant que la tannerie pour fabriquer des cuirs à dessus, à base de peaux de veaux, les fameux veaux blancs tannés à base d’écorces de châtaignier.

1904

Alfred Haas succède à Emile Haas. Sous sa direction, apparaît le tannage au chrome, qui remplace peu à peu les produits végétaux naturels. 

1932

Jacques-Alfred  Haas, fils d’Alfred,  entre dans la Tannerie et en prend rapidement la direction qu’il a gardée jusqu’en 1970. La production est principalement orientée vers le marché de la chaussure et l’exportation des cuirs se développe vers l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie. Au début des années 50,  J.A Haas met au point un procédé de fabrication sur peaux de veaux qui a donné naissance à l’article Novocalf, dont les qualités seront récompensées par une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. Ce procédé de fabrication artisanal a été volontairement préservé dans un souci de maintien de la qualité.

1970

Le gendre de J.A Haas, Roland Muller reprend l’entreprise partiellement détruite par incendie en 1966. Sous son impulsion, la production s’oriente vers des articles pour la maroquinerie, puis se diversifie avec les secteurs de l’habillement et de la sellerie.

2000

Malgré des périodes difficiles traversées par la tannerie française, les Tanneries affirment leur place parmi les fournisseurs du marché du luxe et du haut de gamme en chaussure et en maroquinerie.

 

De la peau brute au cuir : UN NOMBRE IMPORTANT DE MANIPULATIONS

Le travail des peaux nécessite un grand nombre de manipulations, de produits chimiques et d’équipements spécialisés à chacune des étapes et des transformations nécessaires pour obtenir de la peau brute, un cuir utilisable en l’état par les industriels. Cette opération de transformation comporte quatre grandes phases :

Le travail de rivière –dénommé ainsi puisqu’il était autrefois pratiqué dans le courant des rivières, compte tenu de l’importante quantité d’eau nécessaire- : la transformation de la peau brute en «  tripe » se décompose en trempe ou reverdissage (on transforme les souillures superficielles et les substances solubles), l’épilage et le pelanage pour éliminer chimiquement l’épiderme, la laine et les poils, l’écharnage/refendage pour arracher les résidus graisseux sur le côté chair de la peau et l’égaliser dans son épaisseur.

Le tannage a pour but de transformer la peau en cuir. Le tannage au chrome est utilisé pour plus de 85 % de la production mondiale de cuirs et peaux car il permet d’obtenir dans un délai rapide un cuir semi-fini appelé « wet blue » ou cuir en bleu en raison de sa couleur bleuâtre.

Le tri-corroyage  : c'est à ce stade que le tanneur peut réellement faire un premier contrôle qualité. Le tri en "wet blue" permet d’orienter les peaux tannées dans les différentes productions en fonction des caractéristiques physiques  (épaisseur, surface de peaux…) et esthétiques (présence de plus ou moins de défauts comme les rides, les cicatrices, les défauts de dépouille). Ensuite, le corroyage se décompose en plusieurs opérations mécaniques comportant essorage, mise au vent, séchage sous vide, sèche, mise à plat, assouplissement mécanique.

Le finissage sur cuir sec permet de rendre les peaux plus homogènes et de leur donner des caractéristiques d’aspect, de toucher et de résistance.

Le saviez-vous ? Plus l'animal est jeune, plus la peau est de belle qualité, car elle a subi peu de dommages (griffures, parasites...). Le tanneur va proposer des cuirs finis aux aspects de propriétés très divers, au moyen d'équipements mécanisés et de produits chimiques.  

Une variété de cuirs

Fournisseur des plus grands noms de la mode, la maison Haas produit des cuirs nobles et souples au toucher. A côté des cuirs traditionnels,  on trouve aujourd’hui des cuirs poudrés, des aspects mats ou délicatement satinés, des motifs ton sur ton, frottés ou des touchers peaux de pêche….

… et de couleurs

Vert forêt, bleu paon, jaune safari, amarilys, au-delà des classiques, la palette de couleurs est vaste, avec des couleurs éclatantes qui émergent avec la mode. Proche des clients, la maison Haas se prête à toutes les métamorphoses et crée du sur-mesure qui peut aller jusqu’au plus extravagant. Avec 140 références de colorants et tanins, l’atelier retannage – teinture ressemble à un laboratoire de chimie.

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Tanneries Haas • 1, route du Hohwald à Eichhoffen • 03 88 08 97 43 • www.tanneries-haas.com

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