Transition énergétique : coopération entre voisins

Le projet Interreg RES-TMO plaide pour une transition énergétique de proximité. Le but : échanger sur ce qui fonctionne dans chaque pays et rechercher d’éventuelles complémentarités entre voisins français, suisses et allemands.

Deux coopératives alsacienne et allemande ont installé des panneaux solaires d'une puissance de 400 W sur une usine de Colmar. © DRLa France suit-elle la voie ouverte par l’Allemagne ? Les deux pays partent pourtant d’orientations très différentes en matière de transition énergétique. L’Allemagne a choisi de se passer du nucléaire, la France s’est simplement engagée à baisser sa part dans la production d’électricité à 50 % d’ici 2035. Et alors que la production et la distribution d’électricité restent encore principalement aux mains d’EDF (et d’ÉS à Strasbourg), l’Allemagne a opté pour un modèle plus ouvert, notamment via les coopératives énergétiques citoyennes. 150 rien que pour le Bade-Wurtemberg, auxquelles ont souscrit 37 500 personnes.


Premier projet transnational en 2004

Ces coopératives ont connu un essor en Allemagne dans les milieux écologistes au fur et à mesure que montait l’opposition au nucléaire et au charbon. En 1994, l’une d’entre elles à Fribourg, fesa e.V., proposait d’installer des panneaux solaires sur le stade de la ville. 25 ans plus tard, l’activité s’est professionnalisée. Son cofondateur Josef Pesch est désormais à la tête d’un groupe de coopératives présent dans le Bade-Wurtemberg, mais aussi dans le nord-est de l’Allemagne, en Alsace… et en Bretagne. « Car contrairement à la rumeur populaire, le soleil brille bien assez pour les panneaux solaires en Bretagne », s’amuse-t-il. Parmi ces projets frontaliers, la coopérative Zusamme Solar à Colmar qui a permis d’installer des panneaux solaires sur la toiture en shed d’une usine. De militant à entrepreneur, il a participé à son premier projet en France en 2004. Depuis, il note un intérêt croissant pour les coopératives d’énergie en France, notamment pour le solaire qui reste plus abordable : « Il y a un nouveau public de citoyens, mais aussi d’élus locaux qui commencent à s’intéresser à ces projets en France. »


L'acceptabilité comme enjeu majeur

Le réseau de coopératives Énergies Partagées en Alsace, ainsi que fesa e.V. participent au projet transfrontalier RES-TMO. Les régions frontalières allemandes, françaises et suisses se donnent jusqu’en 2022 pour identifier les possibilités de coopérations dans différents domaines : progression des énergies renouvelables, efficience et stockage énergétique, mais aussi acceptabilité par la population. Pour la Dr Barbara Koch, en charge du projet depuis l’Université de Fribourg, le potentiel de la région est énorme : « L’éolien et la géothermie de surface, à ne pas confondre avec la géothermie profonde qui est plus problématique, pourraient presque suffire pour couvrir les besoins de la région. Mais la population reste réticente à l’éolien. Une meilleure participation citoyenne au projet pourrait permettre de renforcer cette acceptabilité. » Cette réticence, bien identifiée en Alsace, existe également en Allemagne. Les Länder ont certes réussi à faire plier le gouvernement fédéral, qui voulait imposer une distance minimale de 1 000 mètres entre une éolienne et une habitation, « mais le débat existe avec les Länder du Nord et du Centre, analyse Philippe Hamman, chercheur à l’Université de Strasbourg. Ceux-ci ne voient pas toujours d’un bon œil les installations et les lignes à haute tension qui traversent leur région pour alimenter les usines du Sud en énergie. » Raison de plus, aux yeux de sa collègue fribourgeoise Barbara Koch, pour trouver des solutions locales. > Pierre Pauma

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