Réseau 5G : la frontière sera-t-elle (encore) une zone blanche ?

France-Allemagne

La nouvelle génération de réseau sans fil annoncée pour 2020 promet un débit et une réactivité sans précédent, ouvrant la porte aux data en temps réel et aux objets connectés. Mais en Allemagne comme en France, la grande inconnue reste la qualité de la couverture.

6.5 milliards d’€

Le ministre des transports du Bade-Wurtemberg Winfried Hermann, au volant d’un prototype de véhicule autonome développé à Karlsruhe. © Pierre PaumaLes opérateurs mobiles allemands ont mal à leur portefeuille. C’est la somme payée par les quatre compagnies au terme d’enchères faramineuses pour avoir le droit d’exploiter les fréquences réservées à la 5G. Une somme qui pourrait manquer au moment d’investir dans la réduction des « zones blanches », a menacé la Deutsche Telekom dans un communiqué de presse.
L’Allemagne a pris un peu d’avance, mais elle a essuyé les plâtres. En France, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (Arcep) a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas voir les enchères pour la 5G atteindre un tel montant. En revanche, l’Autorité française des télécommunications a imposé un solide cahier des charges aux opérateurs mobiles : ceux-ci devront s’engager à ne pas répéter les erreurs de la 4G et seront obligés de couvrir rapidement une large surface du territoire.

Une 4G encore loin d’être obsolète

Géolocalisation et échange de données en temps réel, communication des objets connectés… La 5G ouvre le champ des possibles dans l’industrie. Elle devrait aussi permettre à la conduite autonome de progresser. À Karlsruhe, le Centre de recherche en informatique y travaille dans le cadre du projet Testfeld Autonomes Fahren. Pourtant, son spécialiste des télécommunications, Christian Hubschneider, estime que la conduite autonome pourrait fonctionner sans la 5G. « Celle-ci pourrait toutefois aider à l’ajout de certaines fonctions qui autrement ne seraient envisageables qu’avec énormément de moyens et des mesures de sécurité très contraignantes. »

Au maximum de ses capacités, la 5G pourrait offrir un temps de latence d’une milliseconde (pour 10 millisecondes avec la 4G) et assurer des réactions bien plus rapides que le réflexe humain. Elle permettrait également de charger des cartes en trois dimensions, bien plus lourdes que celles des GPS actuels. D’autres secteurs, en revanche, n’ont pas encore exploité tout le potentiel de la 4G. Alors que la 5G est aussi testée au port de Hambourg, la navigation intérieure par exemple accuse un léger retard, estime Raphaël Wisselmann des Voies Navigables de France. Cela ne fait que très peu de temps que, grâce à l’internet embarqué et à la coopération transfrontalière,
certains bateaux n’ont plus à annoncer par radio leur chargement à chaque tronçon du Rhin. En effet, depuis fin 2018, les bateaux – citernes transmettent cette information par voie électronique. Des travaux sont en cours pour étendre ces dispositions aux autres types de bateaux comme ceux transportant des passagers ou du vrac solide (gravier, charbon etc..). Grâce aux échanges d’informations sur la localisation et la vitesse des bateaux, Voies navigables de France peut également calculer une heure d’arrivée estimée et la communiquer aux ports qui peuvent donc anticiper plus facilement leur arrivée et optimiser leur logistique. La 5G, superflue ? Raphaël Wisselmann veut bien croire aux bateaux autonomes sur le Rhin, mais pas à court terme :  « Il nous faudrait des systèmes de guidage très précis. Les marges de manœuvre ne sont pas aussi importantes sur un fleuve qu’en mer ! »

Et surtout, il faudra pour celà pallier le problème des zones blanches toujours présentes sur le Rhin frontalier : « Il n’y a qu’une seule clientèle à cet endroit : les bateliers. Le marché n’est pas assez attractif pour les opérateurs. » L’Agence nationale des fréquences (ANFR), pour sa part, indique qu’un nombre important de sites 2G/3G/4G ont été mis en service à la frontière et devraient, selon elle, contribuer à l’amélioration de la couverture sur le Rhin. Une manière de répondre aux deux études diligentées en 2018 côté allemand et qui pointaient du doigt un important retard du pays en matière de desserte de l’internet mobile. » Pierre Pauma

Je participe