INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : optimiser la consommation d’électricité

Contrôle qualité, santé, environnement… L’intelligence artificielle arrive dans tous les domaines. Mais son acceptation par le grand public ou par la classe politique est encore loin d’être acquise. Plusieurs universités du bassin rhénan se penchent sur un cas très concret : le compteur électrique intelligent.

Des panneaux solaires capables de choisir le bon moment pour recharger la voiture ou revendre l’électricité produite. Une des promesses de l’intelligence artificielle. © DRGrâce à l’intelligence artificielle, l’économie allemande aussi pourrait bien avancer toute seule. Elle pèsera jusqu’à 11,3 % du PIB allemand d’ici 2030, estime le géant du conseil PwC. Au niveau régional, 11 établissements d’enseignement supérieur badois ont été retenus dans le programme fédéral consacré au développement de l’intelligence artificielle sur les campus, parmi les 81 établissements allemands. Ils se partageront la bagatelle de 133 millions €. À cela s'ajoute un parc régional d'innovation budgété à 47 millions €, pour lequel la ville de Heilbronn a été retenue. Les entreprises y vont également de leur poche, y compris en France.
Le groupe Hager, qui compte trois sites en Alsace, cofinance depuis 2020 la chaire industrielle « Science des données et intelligence artificielle » de l’Université de Strasbourg. L’échelon transfrontalier est-il le bon ? Djaffar Ould Abdeslam, enseignant- chercheur à l’Université de Haute-Alsace, en est convaincu. Il dirige le projet Interreg Smart Meter Inclusif : une box annexe au compteur électrique, qui sera capable d’anticiper et d’optimiser la consommation d’électricité. « L’algorithme de deep learning va apprendre et anticiper les habitudes des personnes, et proposer des scénarios pour aider à optimiser sa consommation sans perdre en confort.
Et si vous avez des panneaux solaires, elle pourra charger la batterie de votre voiture ou remplir le ballon d’eau chaude, plutôt que de réinjecter l’énergie dans le circuit quand le prix de rachat est peu attractif. »
Le compteur contourne aussi l’épineux problème de la confidentialité des données, en permettant d’optimiser sa consommation avec des données stockées localement, sans transmission au gestionnaire du réseau.

Un rythme d’installation plus lent qu’en France

Si l’aspect technique est déjà très avancé, le point faible reste l’acceptation de la technologie par le consommateur. Une fois n’est pas coutume, la France et l’Allemagne ont deux approches très différentes. Alors que la France a confié à Enedis le quasi-monopole du compteur Linky et mené son installation au pas de charge, l’Office fédéral allemand de la sécurité des technologies de l’information a publié un cahier des charges pour toute entreprise qui voudrait faire homologuer son compteur. Et surtout, il ne le rend obligatoire que pour les foyers qui ont une consommation élevée (plus de 6 000 kilowattheures par an). Actuellement, à peine 200 000 foyers allemands sont équipés de compteurs intelligents, contre la quasi-totalité des foyers français. « L’idée est, dans un premier temps, de rendre obligatoire le compteur aux foyers qui ont à y gagner », résume Michael Frey, professeur à l’École supérieure d’administration publique de Kehl. L’Allemagne vise 2 millions de foyers équipés d’un compteur intelligent en 2030, contre 35 millions pour la France dès 2021 ! Mais Michael Frey le reconnaît volontiers : « Convaincre les foyers à plus faible consommation de passer au compteur intelligent sera plus compliqué. » > Pierre Pauma

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