Recherche désespérément personnel qualifié

Pour trouver la perle rare, les entreprises et les services de placement transfrontalier multiplient les initiatives.  

L’Agence pour l’emploi transfrontalier située à Kehl s’adresse aux demandeurs d’emploi qui souhaitent travailler dans l’Ortenau ou à Strasbourg et aux entreprises qui recherchent des compétences. © Michael Bode / Arbeitsagentur Offenburg Le constat est unanime des deux côtés du Rhin : « Tous les secteurs d’activité sont en tension », remarque Rodolphe Rhit, responsable du service Transfrontalier international de Pôle emploi Grand Est. C’est aussi le constat que fait Hager Group. Le fabricant de composants électriques fait état d’une tension particulièrement forte dans le Bas-Rhin et de l’autre côté de la frontière. Après avoir injecté 15 millions euros sur le site de Bischwiller, il prévoit d’embaucher une cinquantaine de personnes pour renforcer son activité. Malgré des efforts déployés en termes de communication, il peine à trouver car les candidats qualifiés sont exigeants, constate Jonathan Kern, responsable des ressources humaines pour l’usine du groupe à Bischwiller.

Cette exigence, Guillaume Dehaye, le PDG de Fromi, une entreprise familiale franco-allemande, l’a remarquée aussi. Pour ses exportations de fromages et d’épicerie fine, il ne trouve pas de candidats qui souhaitent bouger : « c’est compliqué de faire déménager les gens en Allemagne », dit-il. En outre, peu de candidats maîtrisent suffisamment la langue pour occuper les postes de commercial. Pour convaincre les potentielles recrues, le PDG utilise tous les moyens : réseaux sociaux, annonces, salaires intéressants, voiture de fonction. Rien n’y fait. Par contre, les valeurs défendues par son entreprise comme la recherche du bien commun, l’écologie ou pour les postes sédentaires, le télétravail partiel font parfois mouche.

Job datings inversés

Pour ces candidats 2.0, des formats de recrutement plus innovants ont pourtant été créés, comme des « salons », un « job dating » organisé dans les locaux d’Hager Group en juin dernier ou les « job datings inversés » lancés par les équipes du Service de Placement Transfrontalier (SPT). Rodolphe Rhit, le chef de ce service pionnier en Europe, explique : « Les candidats reçoivent les entreprises à une table. De même, l’opération Du stade vers l’emploi permet de rassembler employeurs et demandeurs d’emploi autour du sport. »

Des efforts qui, selon son homologue allemande Theresia Denzer-Urschel, ont payé : « Nous avons réussi à placer entre 300 et 400 demandeurs d’emploi en Allemagne ou en France dans nos meilleures années. » Selon Rodolphe Rhit : en 2021, « sur 2 800 demandeurs d'emploi avec un projet de mobilité transfrontalière, 1 200 ont retrouvé un emploi, dont 60 % d’entre eux en Allemagne et 40 % en France ». > Isabelle Birambaux

Je participe