Jeu vidéo : un business en mode collaboratif

Croissance exponentielle, mais marché ultra-concurrentiel. Si les régions s’intéressent de plus en plus au secteur, le dialogue transfrontalier se limite encore à un échange de bonnes pratiques.

La coproduction permet de porter des projets plus importants, mais aussi de travailler avec des studios spécialisés dans un domaine spécifique. © DRUne fois n’est pas coutume : une initiative franco-allemande est devenue un projet européen. En 2016, Odile Limpach et Thierry Baujard ont cofondé SpielFabrique. Elle était directrice générale d’Ubisoft Blue Byte, filiale d’Ubisoft. Lui, venait du cinéma franco-allemand. « J’avais remarqué que le financement dans le jeu vidéo était assez peu sophistiqué, se souvient Thierry Baujard. Très peu de coproductions, pas de fonds de garantie, ni de structure de financement franco-allemande comme il en existe déjà dans le cinéma. » L’objectif de SpielFabrique : favoriser l’émergence de coproductions franco-allemandes, puis européennes. La structure accompagne désormais des studios aguerris sur des projets plus ambitieux en Europe, mais aussi sur le continent africain. « On a commencé avec des jeunes sortis de l'école. Ça a bien fonctionné, mais ce sont des cycles assez longs. Entre la conception et la sortie, cela peut prendre trois ans pour produire un premier jeu ! »

Premiers pas pour le Grand Est

Ce long processus de professionnalisation est légué aux régions, auprès desquelles SpielFabrique fait aussi du conseil. Plusieurs régions françaises comme l'Île de France, l’Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes ont déjà une histoire particulière avec le jeu vidéo. La région Grand Est, elle, part de loin : deux formations à Metz et à Strasbourg, et une vingtaine de studios identifiés par la région. Un premier plan de financement de prototypes a été lancé dans le Grand Est en 2019 : 270 000 € répartis sur une douzaine de projets. Parmi les lauréats, les Lorrains de Goblinz Studio et Ernestine Games à Strasbourg. En plus de cette aide financière, les studios sont accompagnés dans un programme de tutorat axé sur la gestion d’entreprise et la stratégie marketing. « Ce sont souvent des profils techniques et créatifs, mais qui n’ont pas encore tous de modèle économique. C'est là que nous intervenons pour les accompagner », témoigne la région. Plus expérimentée et entourée d’un tissu économique solide, la MFG Filmförderung dans le Bade-Wurtemberg a plus de marge de manœuvre. En 2021, sa branche jeux vidéo Games BW disposait d’un budget de 900 000 €, qui lui a permis de doter 16 projets. Dans l’espace transfrontalier, les politiques d’accompagnement restent « très hétéroclites », reconnaît Charlotte Monnier, coresponsable du programme CinEuro, dont le rayon d’action s’étend de la frontière suisse jusqu’à la Belgique. Games BW a déjà quelques contacts avec la scène suisse et un podium pour échanger a été organisé le 20 avril à Namur, avec des acteurs français, allemands et belges. S’il n’y a pas encore de projet commun, les premiers contacts ont eu lieu. > Pierre Pauma

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