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STRASBOURG PLACE FINANCIÈRE ET TERTIAIRE : Jean Laemmel

En tant que banque franco-allemande, comment évaluez-vous les perspectives économiques dans les deux pays ?

Alors que la récession a été de - 8 % en France en 2020, contre - 4,9 % en Allemagne, le rebond a été nettement plus fort dans l’Hexagone dès 2021 avec une progression du PIB de 7,1 %, contre 2,8 % de l’autre côté du Rhin. Cette année, les deux pays devraient atteindre une croissance de 3,5 à 4 %. Sur le plan économique, le variant Omicron a été un « nonévénement » en France, ce qui n’a pas été le cas en Allemagne où les restrictions ont été bien plus fortes. Mais contrairement à nos voisins, notre balance commerciale s’est beaucoup dégradée, en raison d’une perte de compétitivité des entreprises. En outre, notre endettement a atteint des sommets : 114 % du PIB, contre 70 % outre-Rhin ! Mais alors que le climat des aff aires en début d’année s’annonçait très favorable, la crise ukrainienne est venue le perturber. En eff et, l’Allemagne est très dépendante du gaz russe (60 % de ses importations) et l’impact sur les coûts de l’énergie devrait être sensible. Il sera plus modéré en France qui ne dépend de la Russie que pour 17 % de ses achats de gaz.

Dans la zone euro, le taux d’épargne reste très élevé, autour de 15 %. Quel en est l’impact sur l’économie ?

Il va sans doute se maintenir à ce niveau pendant quelque temps. C’est un coussin de sécurité en période incertaine. Il y a une forte dimension psychologique chez les acteurs économiques. Consommer et investir sont des preuves de confiance. Épargner est un réfl exe de méfi ance. Toutefois, la diminution du pouvoir d’achat et du pouvoir d’investir peuvent inciter les acteurs économiques à puiser dans leurs réserves. C’est une période où il vaut mieux emprunter, à taux fixe, plutôt que de prêter.

La hausse des taux d’intérêt semble inéluctable. Faut-il s’en inquiéter ?

Avec le retour de l’infl ation, les banques centrales américaine et européenne ont arrêté d'injecter des liquidités et remontent progressivement leurs taux directeurs. L’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie va continuer de nourrir l’inflation. > Propos recueillis par Patrick Heulin

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