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Strasbourg Place Financière et tertiaire : vers une inflation durable ?

 Association réunissant plus de 130 acteurs du monde financier local

Marc Wendling  Directeur financier, en charge des actifs Groupe CAM - assurances pour le BTP, l’industrie, le commerce © DR

Le retour de l’inflation (+ 2,9 % en janvier en France) inquiète les entreprises. S’agit-il d’un phénomène temporaire ou bien d’une tendance lourde ?

La France est plutôt moins impactée car, dans la zone euro, l’inflation atteint en moyenne + 5,1 % . Elle a pour origine la forte reprise qui crée des tensions sur les matières premières, ainsi que des ruptures de chaînes d’approvisionnement. Il y a aussi des surcoûts liés à la crise sanitaire. Pour la Banque centrale européenne (BCE), il s’agit d’un phénomène transitoire avec un retour à la normale prévu fin 2022, début 2023. L’objectif est de revenir à un taux de 2 %. En revanche, la banque centrale américaine estime que le phénomène pourrait persister en raison d’une part de la « démondialisation des échanges » et de la transition énergétique qui fait augmenter les coûts de l’énergie. Aux États-Unis, ce secteur représente actuellement un tiers des 7 % d’inflation.

Quels sont les secteurs les plus impactés et comment les entreprises peuvent-elles préserver leurs marges ?

Les secteurs du BTP, de l’informatique, du bois, du papier, des semi-conducteurs sont les plus touchés car ils sont dépendants de la forte demande mondiale. Les fournisseurs vendent au plus offrant. Pour préserver ses marges, une entreprise doit sécuriser ses approvisionnements en contractualisant ses achats à moyen terme. Elle doit restocker ses entrants et revoir ses process, notamment grâce à la transition numérique. Dans certains cas, elle ne doit pas persister dans son modèle économique et au contraire se diversifier ou se réorienter vers d’autres marchés. Mais pour une entreprise, c’est la déflation qui menaçait après la crise monétaire de 2008, qui constituerait le risque le plus grave. Elle a heureusement été maîtrisée par les banques centrales avec des taux d’intérêt directeurs très faibles.

Quel sera l’impact de cette poussée inflationniste sur les salaires ?

Il n’y a pas d’indexation des rémunérations en France. Il s’agit donc de négociations entre les entreprises, pour qui les salaires sont souvent le premier poste de dépenses, et les salariés qui veulent préserver leur pouvoir d’achat. C’est le risque d’une spirale inflationniste. Mais si l’inflation reste contenue en deçà de 3 %, cela reste gérable.
> Propos recueillis par Patrick Heulin

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