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Josiane Chevalier : préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin

Josiane Chevalier, préfète de la Région Grand Est et du Bas-Rhin, lors de la 6ème audioconférence de la task force économique du Grand Est, le 16 avril 2020.

Afin d’aider les entreprises à survivre et à traverser cette crise sans précédent, le gouvernement a annoncé un plan de soutien de 45 milliards €. Pensezvous qu'il sera suffisant pour éviter les défaillances d’entreprises ?

© DRVous le savez, dès le début de la crise, le gouvernement s’est donné pour objectif d’apporter un soutien inédit à l’ensemble des acteurs économiques afin de leur permettre de surmonter cette période et de pouvoir, le moment venu, reprendre leur activité dans les meilleures conditions possibles. Beaucoup d’outils complémentaires sont désormais en place. Le dispositif de chômage partiel, qui concerne 335 000 salariés au 30 avril en Alsace, est sans doute le plus significatif. Mais il s’accompagne de nombreuses mesures techniques comme la garantie des lignes de trésorerie bancaire, pour laquelle l’État mobilise 300 milliards €, ou les délais de paiement accordés pour les échéances sociales et fiscales et même des remises d’impôts directs dans certaines situations particulièrement difficiles. Globalement, le plan d’urgence destiné à soutenir les entreprises et les salariés pourrait atteindre 110 milliards €. C’est cet accompagnement massif qui permettra d’éviter les défaillances et de sauvegarder l’essentiel de notre tissu économique.

Vous avez évoqué la nécessité de répondre à des « besoins locaux » qui ne seraient pas pris en compte par le dispositif de soutien national, notamment pour les entreprises qui n'ont pas de salariés. Qu’en est-il ?

Répondre aux besoins locaux, c’est d’abord être à l’écoute des acteurs du territoire. À la Préfecture du Bas-Rhin, j’ai mis en place, dès la première semaine de confinement, une cellule de suivi économique dont le rôle est de mettre en réseau les grandes têtes de pont de l’économie locale – la CCI en fait partie bien sûr –, de recueillir toutes les questions qui se posent, d’y répondre ou de faire remonter ces questions au gouvernement dès lors qu’elles présentent une dimension nationale. J’ai d’ailleurs des visioconférences régulières avec certains membres du gouvernement, ce qui permet une circulation très rapide de l’information. Vous prenez l’exemple des entreprises sans salariés : le gouvernement a mis en place avec les régions le fonds de solidarité national qui doit leur permettre de tenir jusqu’à la reprise d’activité. Des initiatives locales viennent également enrichir le dispositif. La Région Grand Est a, sur ce plan, été tout à fait innovante, en mettant en place très rapidement le Fonds Résistance avec la Banque des Territoires, les Départements et les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Cet outil, qui représente 44 milliards €, sera précieux pour renforcer la trésorerie des TPE et des associations. Plusieurs régions ont depuis imité ce dispositif né dans notre région.

Le tourisme et l’hôtellerierestauration, des secteurs très importants pour l'économie alsacienne, sont particulièrement sinistrés. Des mesures d’aide particulières sont-elles prévues ?

Les secteurs touristiques et récréatifs seront sans doute les plus touchés dans la durée, d’autant que la période de confinement intervient précisément sur une période de forte fréquentation touristique. Là aussi, les dispositifs de soutien s’appliqueront àprotéger, dans la durée, les acteurs économiques des effets de la crise. Le président de la République a annoncé un plan spécifique pour ces secteurs durablement affectés. Des mesures précises seront annoncées dans les semaines à venir.

Cette crise met également en évidence la dépendance de nos entreprises visà- vis de sous-traitants ou fournisseurs situés à l’autre bout de la planète. Le gouvernement prévoit-il un plan de relocalisation d'activités spécifiques en France ou en Europe ?

C’est vrai, nous nous sommes trouvés dans une situation de pénurie qui pose la question de notre capacité à répondre à nos propres besoins sanitaires. La question de la relocalisation de certaines productions se posera nécessairement après la crise. Et l’on observe déjà, notamment en Alsace, les ferments de cette dynamique : un travail est en cours sur la production de tests sérologiques par un acteur industriel strasbourgeois et la production locale d’équipements de protection individuelle (masques, blouses, gel hydroalcoolique) a été lancée avec une rapidité remarquable. Je pense par exemple au Pôle Textile Alsace qui produit des masques « grand public » dont j’ai décidé d’équiper les agents de la préfecture qui sont actuellement au travail sur site.
* Propos recueillis par Patrick Heulin

11/05/2020Partager