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Jean Rottner : président de la Région Grand Est

« Nous allons profiter de cette crise pour nous réinventer »

Jean Rottner Président de la Région Grand Est © Stadler_Région Grand_EstLa crise sanitaire a durement frappé le Grand Est, tout particulièrement l’Alsace. Comment jugez-vous notre capacité de résilience ?

La crise, qui a dramatiquement touché les habitants et les territoires du Grand Est, a été le révélateur de qualités essentielles de notre Région : la solidarité et la capacité à s’organiser et à travailler tous ensemble. Dès le début, avec Madame la Préfète de Région, nous avons réuni chaque semaine une task force regroupant les services de l’État, des élus, mais surtout les acteurs économiques du Grand Est. Chaque semaine, nous avons fait un point sur leurs difficultés et leurs attentes afin d’inventer des dispositifs pour répondre au mieux aux besoins. C’est de ces échanges qu’est né le fonds d’aide aux entreprises « Résistance ». Nous ne voulons pas seulement limiter les dégâts économiques, nous voulons clairement rebondir et profiter de cette crise pour nous réinventer. Je suis donc réaliste sur les conséquences à court terme de cette crise sur notre économie et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les atténuer, mais je suis résolument optimiste pour l’avenir.

Beaucoup disent : « Rien ne sera plus comme avant ! » à quels changements doivent se préparer les entreprises et leurs salariés ?

Depuis le début de la crise, j’ai senti une réelle volonté des chefs d’entreprise de se remettre rapidement au travail, avec, en parallèle, une vraie crainte de ne pas être en mesure d’assurer la sécurité de leurs salariés. C’est en prenant en compte cette contradiction apparente, faire « comme avant » mais « différemment » qui doit désormais guider le monde du travail. Nous n’étions pas ou mal préparés à une crise de cette ampleur. Pourtant, en quelques jours, elle a permis de fédérer des acteurs qui ne se parlaient pas ou peu. C’est sur cette base que j’ai souhaité, en lien avec l’état, lancer une Conférence Sociale, associant très largement tous les représentants patronaux, salariaux, professionnels, qui pourraient se réunir, de manière inédite en France à l’échelle régionale, tous les trimestres pour jeter les bases d’un nouveau « contrat social » qui irait de pair avec le Business Act que nous lançons. La refondation de notre économie ne pourra se faire qu’avec une nouvelle philosophie sociale et j’ai l’ambition de faire du Grand Est le territoire d’expérimentation de cette nouvelle donne.

Au-delà du dispositif d’urgence de sauvetage des entreprises, quelles actions proposez-vous pour relancer l’économie régionale ?

La Région Grand Est a été sur tous les fronts pour atténuer les conséquences de cette crise qui nous a touchés brusquement et dans des proportions inouïes. Elle a joué son rôle en apportant des réponses concrètes à des situations d’urgence. Elle l’a fait en lien avec tous les acteurs publics et privés et poursuivra son action de manière concertée après la crise pour redéfinir de nouvelles priorités, reconstruire de nouvelles solidarités et renforcer son image et son attractivité. Dans des conditions budgétaires profondément bouleversées, la Région va revoir ses politiques publiques et notamment abandonner certains dispositifs issus du SRDEII, pour inventer une nouvelle stratégie économique et d’attractivité qui se résume par une formule simple et efficace, « le soleil se lève à l’Est » !

La fermeture de la frontière avec l’Allemagne a été vécue comme un traumatisme par beaucoup d’Alsaciens. Pensez-vous que la coopération transfrontalière soit remise en question ?

Cette situation temporaire n’était pas de nature à remettre en cause, selon moi, les décennies de coopération qui nous ont tant apporté de part et d’autre du Rhin. Cette Europe du quotidien, que nous construisons pierre après pierre pour la rendre tangible pour nos concitoyens, a vu à travers cette crise des développement positifs inattendus. Grâce à des échanges constants avec les chefs exécutifs de chaque Land en particulier avec le ministre-président Winfried Kretschmann, nous sommes parvenus à limiter les obstacles pour nos concitoyens et aboutir ainsi à une coopération effective. Cette crise a démontré tout l’intérêt d’une coopération renforcée en matière de santé, mais je veux que nous puissions innover en créant un projet européen transfrontalier pour incarner une réelle ambition en matière de santé dans la région. Nous devons désormais envisager l’avenir et nous coordonner pour que le « déconfinement » puisse nous rapprocher, intensifier nos échanges et donner une nouvelle impulsion à notre coopération. Dans le domaine de la santé certes, mais aussi de l’économie, de l’enseignement supérieur, des transports, de l’innovation et de la recherche. > Propos recueillis par Patrick Heulin

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09/07/2020Partager