pub

Sophie Bejean : rectrice de l'académie de Strasbourg et chancelière des universités d'Alsace*

« Écrire une nouvelle page de l’apprentissage »

14 900 apprentis répartis dans 18 centres de formation d’apprentis (CFA) publics gérés par les établissements publics locaux d’enseignement (EPLE) (dont deux relevant du Ministère de l'agriculture et un CFA universitaire public), 11 CFA privés et trois CFA parapublics © DRLe rectorat de l’académie de Strasbourg et la CCI Alsace Eurométropole ont signé, fin 2019, une convention relative à l’apprentissage. Quels en sont les objectifs ?

Le premier est de renforcer les partenariats existants entre l’Éducation nationale et le monde économique. Nous ne partons pas de zéro, puisque depuis de nombreuses années les clubs école/entreprise permettent aux chefs d’établissement de rencontrer des dirigeants d’entreprise, afin de mieux adapter nos formations à leurs besoins. Néanmoins, la loi de 2018 « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », en transformant les modalités de l’apprentissage, nous conduit à approfondir nos relations avec la CCI. La convention vise à éviter la concurrence entre nos formations et celles des chambres consulaires. Le but est aussi de mieux informer les jeunes sur les métiers et les formations. Ainsi, les élèves de 3ème disposeront bientôt tous de « référents apprentissage ». L’objectif de cette convention est aussi d’aider les jeunes à trouver plus facilement une entreprise pour effectuer leur apprentissage. Enfin, notre accord prévoit un contrôle pédagogique garantissant la qualité des formations qualifiantes.

Bio express
2003
Professeure
d’économie
à l’université
Bourgogne-
Franche-Comté

2007-2012 
Présidente 
de l’université 
Bourgogne-Franche-Comté

2016 
Rectrice de l’académie 
de Strasbourg

5 fév. 2020 
Nomination en tant que Rectrice de la région académique Occitanie

L’apprentissage est parfois une orientation choisie par défaut. Que faire pour mieux la valoriser ?

Ce n’est pas vrai dans tous les domaines. Si l’industrie ou les services à la personne peuvent souffrir d’une mauvaise image, l’apprentissage est désormais considéré comme une voie vers la réussite. En février 2018, sept mois après leur sortie d’apprentissage, les jeunes s’insèrent dans notre académie à hauteur de 78 % sur le marché du travail (dont 56 % en CDI). La mise en place de nos « référents apprentissage » et la valorisation des filières, notamment à travers les Campus des métiers et des qualifications* et les actions de promotion de la CCI, doivent encore permettre d’en améliorer l’attractivité. L’important est que les entreprises et l’Éducation nationale parlent d’une même voix.

Les entreprises regrettent parfois que les formations ne correspondent pas vraiment à leurs besoins. Comment mieux adapter l’offre à la demande ?

Pour cela, nous travaillons étroitement avec les branches professionnelles, afin de mieux adapter nos formations à leurs besoins en compétences qui sont de plus en plus pointues. Elles participent ainsi à la rédaction des cahiers des charges servant à l’élaboration des programmes. Ceux-ci sont renouvelés régulièrement pour s’adapter aux évolutions des métiers. Les employeurs doivent toutefois comprendre qu’il faut laisser aux jeunes un temps d’appropriation de la culture de l’entreprise avant d’être opérationnels à 100 %.

Avec la libéralisation du marché des CFA, comment le rectorat exercera-t-il sa mission de contrôle pédagogique ?

L’Éducation nationale, en tant qu’organisme certificateur, délivre les diplômes. Quel que soit l’organisme formateur, elle exerce un contrôle sur le contenu des programmes, leur durée et les rythmes de l’alternance via les inspecteurs d’apprentissage. Le contrôle s’effectue aussi en entreprise via les experts de la CCI qui assurent également un rôle de médiateur en cas de difficulté. Chacun intervient donc dans son domaine, mais nous travaillons ensemble.

Avez-vous des objectifs en termes de nombre d’apprentis ?

Pour des raisons culturelles, l’Alsace a toujours été en pointe en matière d’apprentissage. Un apprenti sur huit en France est alsacien ! Nous partons donc de haut, mais nous pouvons encore progresser si l’activité économique continue à croître. Notre objectif est une progression de 4 %, soit 200 apprentis de plus par an pour nos CFA. Ce chiffre pourrait même être dépassé avec l’apparition de nouveaux CFA issus des branches professionnelles et des entreprises. 

*Propos recueillis par Patrick Heulin avant le départ de Sophie Bejean pour l’académie de Montpellier et son remplacement par Élisabeth Laporte.

ac-strasbourg.fr 
 @acstrasbourg 
Campus des métiers et des qualifications :
Écoconstruction et efficacité énergétique: 
Illkirch 
Agroalimentaire : Colmar

10/03/2020Partager