3 questions à Pascal Wespiser

Membre titulaire CCI Alsace Eurométropole, président du Groupe Link

Comment analysez-vous les difficultés de recrutement des entreprises ?

© Dorothée ParentP.W. Le recrutement est devenu le principal sujet de préoccupation pour une majorité d’entreprises, d’autant qu’elles font face à un nombre significatif de départs consécutifs à la crise sanitaire. Certains collaborateurs font le choix d’une reconversion, d’autres sont en quête de sens au travail ou se lancent dans l’auto-entrepreneuriat. Il n’existe plus de recrutement « facile », quel que soit le niveau des profils recherchés et les entreprises y consacrent de plus en plus de temps et d’énergie. Pire : l’incapacité à trouver de nouveaux talents conduit de nombreuses entreprises à réduire leur activité.

Quelle est votre expérience en tant que professionnel de l’emploi ?

P.W. Déjà avant la crise, nous connaissions de graves tensions dans nos agences d’intérim, notamment sur les profils qualifiés dans l’industrie : électriciens, mécaniciens-monteurs, conducteurs de ligne, techniciens de maintenance. Mais aujourd’hui, même sur des postes moins qualifiés - agents de production, préparateurs de commandes - nous peinons à trouver du personnel. La première des réponses à ces difficultés de recrutement, c’est à l’évidence de fidéliser les talents. Les managers et les équipes RH ont un rôle central. Nous leur proposons des sessions d’analyse de compétences avec nos équipes de psychologues du travail. L’objectif est de mieux cerner les profils et les compétences des salariés et de mesurer leur capacité à évoluer vers d’autres responsabilités ou d’autres fonctions dans l’entreprise. Chaque recrutement est un vrai challenge et la chasse de tête ne concerne plus seulement les postes de cadres. C’est devenu la norme pour tous les métiers en tension.

Des raisons de rester optimiste ?

P.W. Bien sûr. L’appétit à recruter est le signe d’une grande confiance en l’avenir. Les efforts entrepris depuis plusieurs mois pour réhabiliter l’image de l’industrie portent leurs fruits. On sait aujourd’hui qu’on peut y faire une belle carrière. Le nombre d’alternants n’a jamais été aussi élevé. La proximité avec l’Allemagne et la Suisse est aussi un atout. À la CCI, nous travaillons au quotidien pour favoriser ces échanges, trouver des solutions locales au plus près des acteurs de terrain. Nous construisons pas à pas une coopération décentralisée, bénéfique aux entreprises de notre territoire.

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