Mieux vaut être conseillé : financements publics, mode d’emploi

Après une succession de crises, l’État injecte de l’argent dans le système économique. Objectif de ces financements publics : donner une nouvelle ampleur au développement des entreprises, accélérer les transitions écologique et numérique, accompagner l’exigence de souveraineté industrielle et ainsi sécuriser nos approvisionnements. Mais comment accéder à ces leviers et surtout comment identifier les bons financements ? Les réponses dans ce dossier.

« La fonderie Zwiebel basée à Saverne, spécialiste des pièces en alliages cuivreux, a remplacé ses deux fours de fusion au fioul par deux fours à induction. Un investissement de 400 000 € qui a bénéficié d’une aide de la Région Grand Est de 97 000 €. » © Dorothée ParentC’est un pari industriel à 34 milliards € sur cinq ans qu’a lancé le gouvernement avec son plan « France 2030 ». Un programme conçu pour développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir en France. « Il faut massivement investir pour transformer les secteurs clés de l’économie par l’innovation technologique, décarboner l’industrie et tirer les leçons des crises successives en sécurisant nos approvisionnements », avait rappelé Emmanuel Macron. Un message à l’adresse des entreprises invitées à s’emparer de ces investissements publics pour amplifier leur transformation, consolider leur développement et leur positionnement. Mais comment s’orienter dans cet écosystème du financement ? Entre État, Banque Publique d’Investissement (Bpifrance), Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), Région Grand Est, SODIV, mais aussi Pôle Emploi, agences de l’eau ou encore Business France, les sources et les typologies d’aides varient selon les projets des entreprises. « Ces dernières sollicitent généralement un financement pour quatre grands types de projets - soutenir un investissement, une innovation, un recrutement ou un projet immobilier, décrit Vincent Longy, responsable Pôle Compétitivité et Mutations industrielles à la CCI.

2004

C’est le nombre de solutions de financement recensées par le réseau national des CCI, dont 744 pour la Région Grand Est.

8 milliards

Sur les 34 milliards € du plan « France 2030 », quelque 8 milliards sont consacrés à la décarbonation et 7 milliards au développement de biomédicaments produits en France.

Mais il est difficile pour elles de se repérer parmi la multitude de catégories d’aides et de définir celles qui correspondent à leurs besoins. Beaucoup d’entre elles passent à côté des aides publiques du fait de la complexité des dispositifs. Les entreprises pensent d’emblée aux subventions, mais il ne faut pas oublier les prêts bonifiés et les crédits d’impôt, les avances remboursables et les garanties préférentielles. Par ailleurs, certaines aides sont nationales, d’autres uniquement territoriales. Beaucoup sont dédiées à des secteurs d’activité précis - industrie, commerce, logistique - quand d’autres sont restreintes à des tailles d’entreprise. La méconnaissance est donc un frein à l’obtention des aides, tout comme le manque de solidité du dossier. » De fait, l’aide ne fait qu’abonder un budget déjà établi dans le cadre d’une stratégie bien ficelée. Et les financeurs publics, à l’instar de la Région Grand Est, demandent de plus en plus souvent des diagnostics avant d’accorder des aides.

Aux côtés des acteurs bancaires

Fini les effets d’aubaine, exit les chasseurs de primes. Place aux stratèges qui ont une vraie vision pour leur entreprise. Le financement public vient alors en appui et génère le fameux effet de levier sur le crédit bancaire mobilisable. SODIV en a fait l’un de ses principaux atouts. Cet outil régional permet aux entreprises de boucler des plans de financement en vue de créer de la croissance et des emplois dans les territoires. « Nous octroyons aux entreprises des financements assimilés à du haut de bilan - prêts participatifs bonifiés dans le cadre d'une convention de revitalisation ou obligations remboursables en actions - permettant de renforcer la structure financière de l’entreprise et de déclencher des crédits bancaires, précise Christine Meyer-Forrler, présidente de SODIV. Nous intervenons aux côtés des acteurs bancaires et pas en concurrence. Notre intervention accélère le développement de l’entreprise et l’embauche. Nos financements sont décaissés immédiatement et l’entreprise dispose rapidement des fonds pour concrétiser un recrutement. Nous proposons également des Obligations Remboursables en Actions pour la Croissance et l’Emploi (ORACES) qui permettent aux entreprises de renforcer leurs capitaux propres, sans ouvrir leur capital. Le sujet est d’actualité. La plupart des entreprises ont vu leur endettement croître fortement durant la crise sanitaire. Ce soutien financier vient reconstituer leur assise financière. »

À chaque projet son financement et si les financeurs sont prêts à bourse délier pour contribuer au développement économique, c’est parce qu’un bon chef d’entreprise aura su les convaincre avec un bon projet. À charge pour lui de le mener à bien car il est lui aussi comptable de cet argent public. D’où l’importance d’être conseillé et accompagné. « Nous nous tenons aux côtés des entreprises pour analyser leur projet, affûter leur stratégie et identifier les aides mobilisables », reprend Vincent Longy. Par sa connaissance des dispositifs publics et son ancrage dans les territoires, la CCI est, en effet, le partenaire naturel des entreprises. Son expertise technique et administrative permet de maximiser les chances d’obtenir les fonds convoités. Sa démarche s’articule autour de quatre étapes : identification des aides et des financements publics mobilisables et adaptés au projet, vérification de l’éligibilité aux dispositifs publics, mise en relation avec les financeurs et présentation du projet et, dans certains cas, montage des dossiers de financement.

« Nous avons formé nos collaborateurs à cet accompagnement, souligne Maryse Demissy, directrice Mutation des entreprises, Information et Marketing à la CCI. Nous nous inscrivons dans une dynamique partenariale avec l’État, la Région et les organismes publics, en phase avec les grandes orientations nationales autour des enjeux de décarbonation, de réindustrialisation, d’innovation et de digitalisation. Du bon fléchage de ces dispositifs dépend aussi le succès du développement de nos entreprises et de la transformation économique de notre pays. »

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