Jeunes pousses : grandir, un vrai défi

Produit innovant, esprit d’initiative, audace : les ingrédients du succès des start-up sont connus. Le  plus difficile est de franchir le cap de la maturité et de la stabilité. De l’amorçage aux fonds plus structurés, le financement est décisif. Mais faire grandir une jeune pousse appelle aussi une « révolution des esprits » chez les start-upers. Dossier réalisé par Éric Pilarczyk

Depuis sa création en 2000, 215 start-up ont été incubées par Semia. © Dorothée Parent

Start-up Nation »... La France serait donc l’Eldorado des start-up comme le veut le discours politique ambiant. Mais si le potentiel existe, il reste encore à le consolider et surtout à le faire tenir dans la durée. Car après l’idée de business, point de départ de la jeune pousse, comment croître et vite? Dans le jargon du métier, on parle de modèle « scalable » (de l’anglais scale qui signifie échelle). Être scalable, c’est pouvoir faire croître son entreprise rapidement et à des coûts réduits. Cela implique une organisation, du recrutement, du management et bien sûr du financement. « Faire grandir une start-up, c’est une course de vitesse, entre trouver des clients, augmenter les revenus et convaincre les investisseurs d’injecter de l’argent pour continuer l’aventure », indique l’économiste Nicolas Minvielle dans son ouvrage de référence intitulé Accélération. Le concept d’accélérateur a fédéré tout un écosystème en Alsace, de l’incubation au capital-risque jusqu’aux mises en relation. « Nous sommes avant tout des facilitateurs, un acteur majeur de la découverte et l’accompagnement des projets d’entreprises innovantes. Notre valeur ajoutée réside dans la méthode d’accompagnement séquencée qui tient compte de l’état d’avancement du projet et les équipes engagées dans celui-ci composées de professionnels anciens entrepreneurs de la DeepTech, du numérique et du marketing », précise Clémence Delacour, responsable de la communication de Semia. Depuis sa création en 2000, 215 projets ont été incubés par Semia. Ses dernières pépites s’appellent HypnoVR, Fizimed, Kwit ou encore Teewii. À Rosheim, un nouvel hôtel d’entreprises a vu le jour sous l’impulsion de Major Partner. Cet accélérateur dispose déjà d’un vivier conséquent de start-up en phase de démarrage comme My Loc, en phase d’accélération comme Success Storhy ou de consolidation à l’image d’Anoloc. À Mulhouse, le pôle numérique KM0 est une nouvelle opportunité pour développer les projets des start-up. Implanté sur une vaste friche industrielle, ce lieu stratégique, appelé à devenir le centre de l’innovation et des technologies, joue résolument la carte transfrontalière avec Bâle et Fribourg notamment.

Repères

Horizon 2030
Objectif de la French Tech Alsace, portée par le pôle métropolitain Strasbourg-Colmar-Mulhouse : créer 500 start-up à l’horizon 2030.

3 minutes :
La CCI Alsace-Eurométropole invite les porteurs de projets à présenter en 3 minutes leur business model à un comité d’experts de la création d’entreprise. Un échange en forme de « crash-test » pour valider la pertinence du projet

À rebours de la tendance nationale

Grandir, c’est aussi et surtout trouver des fonds et des clients. À chaque grande étape de la vie de l’entreprise correspond une catégorie d’investisseurs. L’association Alsace Business Angels est en première ligne. Elle vient de créer son quatrième fonds de capital, amorçage à destination des jeunes entreprises alsaciennes à fort potentiel de croissance. Au regard des intentions d’investtissements déjà reçues, le fonds devrait dépasser le cap du million d’euros courant 2019. Pour Bernard Fliegans, président d’Alsace Business Angels, le signal est fort. « Alors que la réforme de l’ISF réduit l’incitation à investir dans ces jeunes sociétés risquées, ce nouveau fonds, à rebours de la tendance nationale, témoigne de l’engagement de nos membres en faveur des jeunes entreprises, au moment où elles ont des difficultés à mobiliser des fonds propres. »

 

La CCI propose un accompagnement à 360° des porteurs de projets. Aux entretiens individuels et personnalisés sur les problématiques de création ou de croissance, s’ajoute un atelier de formation sur le Business Model Canvas. Une méthode éprouvée, basée sur des exercices en groupe pour faire évoluer le projet d’entreprise en réponse aux besoins des clients. Autre outil : le diagnostic CCI MAP. Dans le cadre du programme Scale Up, les équipes EEN et Industrie de la CCI proposent aux start-up à potentiel de croissance de réaliser ce diagnostic. Ce programme est soutenu et financé par la Commission Européenne. Le CCI MAP permet de faire le point sur les orientations stratégiques de la start-up, son environnement externe et ses
fonctions internes, avant la mise en œuvre d’un plan d’action personnalisé.

Alban Petit
03 88 75 24 25 • a.petit@alsace.cci.fr
Vincent Longy
03 88 76 42 06 • v.longy@alsace.cci.fr

Un acteur clé de la French Tech : la BPI

Est et l’Eurométropole de Strasbourg ont signé le Pacte Offensive Croissance Emploi. Ce document stratégique renforce notamment la complémentarité des aides directes aux entreprises et stimule l’accélération des projets innovants. Parmi les projets phares : le réaménagement de la Manufacture de Tabac à Strasbourg en haut-lieu de l’entrepreneuriat innovant en Alsace. De son côté, la Banque Publique d’Investissement, fondée en 2013, s’est rapidement imposée comme un acteur clé du financement de l’innovation : 48 implantations en région, 50 000 visites d’entreprises chaque année et 10 000 start-up françaises bénéficiaires du dispositif BPI. Une offre qui va de la « petite » subvention - la bourse French Tech pouvant monter jusqu’à 45 000 euros - jusqu’au crédit et aux fonds propres en capital-risque. De quoi faire émerger une « tech alsacienne » et donner du punch à nos entrepreneurs prêts à créer « un autre monde ».

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