Aéroports alsaciens  : des spécificités et des enjeux

Véritables pôles de développement économique, les aéroports contribuent au dynamisme d’une région. À côté de leurs activités aéroportuaires obligatoires – fret, passagers –, certains se transforment en zones d’activités ou parcs de bureaux. Petit aperçu des spécificités alsaciennes.

Repères

+11%

L’augmentation du nombre de passagers à Bâle- Mulhouse (2013-2014)

22%

La part du trafic low-cost à Strasbourg

 

À une centaine de kilomètres de distance, l’EuroAirport Basel-Mulhouse-Freiburg et l’Aéroport de Strasbourg conjuguent vols loisirs, vols d’affaires et fret. Des offres revues en permanence en fonction du marché, allant jusqu’à déployer de nouveaux segments pour une meilleure rentabilité. A égale distance entre Strasbourg et Mulhouse, Colmar occupe une place plus spécifique, orientée vers une clientèle d’entreprises locales. Tous trois ont accru leurs capacités d’accueil et de gestion, aussi bien dans le domaine du tertiaire que dans celui du fret – où ils s’efforcent de développer au mieux l’intermodalité du transport – et du transport de passagers. Vecteur de pénétration commerciale, les aéroports proposent de plus en plus des lieux de rencontres permettant aux hommes d’affaires de gagner du temps. Alors que les compagnies aériennes ont fait face au redoutable TGV et aux pertes de trafic surcertaines liaisons en inventant des services spécifiques – Air France a revu la taille de ses avions,affrété ses propres TGV, adapté ses tarifs, sa communication – les aéroports ont continué de se concentrer sur leur cœur de métier en attirant de nouvelles compagnies afin de proposer à leursclients une offre qui soit la plus riche et la plus attractive possible. D’autant qu’ils sontégalement complémentaires avec les autres aéroports du bassin rhénan.

© Jean-François Badias

Une offre diversifiée

L’EuroAirport Basel-Mulhouse-Freiburg, premier grand aéroport de la région, «dispose d’une offre diversifiée qui répond aux besoins d’un marché tri-national – France, Suisse, Allemagne», observe le directeur, Jürg Rämi. Sa plate-forme se trouve confrontée à la concurrence et au dynamisme de Zurich. Mais fort de ses derniers résultats, Jürg Rämi, reste confiant en l’avenir. «Ce sont les besoins spécifiques qui génèrent les possibilités de déplacement, et non l’inverse. Chaque aéroport a son propre positionnement et son modèle de fonctionnement. Ils peuvent être complémentaires. Zürich est plus grand, mais il se positionne sur le marché du long-courrier, Strasbourg dispose d’une carte à jouer en raison du siège du Parlement Européen et des besoins en vols domestiques français».

Réorientation vols-vacances

Après avoir subi les pertes de passagers liées à l’arrêt des liaisons opérées par Air France sur Paris, Strasbourg repart sur de nouvelles bases. La plate-forme commence à tirer parti de son nouveau positionnement sur le low cost et les vols vacances. «Les compagnies low cost n’ont de cesse de gagner du terrain face aux compagnies traditionnelles, observe le président du directoire de l’aéroport de Strasbourg, Thomas Dubus. Et depuis un an, le low-cost atteint 22% du trafic». Dès 2013, la plate-forme a dépassé son concurrent allemand de Karlsruhe-Baden, situé sur le même créneau des loisirs, à une quarantaine de kilomètres. «Nous sommes maintenant très performants sur les coûts et avons ainsi tous les atouts pour attirer de nouveaux trafics», se réjouit-il. Beaucoup plus loin, à plus de 200km, c’est Francfort qui a mis en place des navettes en bus reliant les deux villes. Mais cet aéroport est plutôt axé sur les longs courriers, avec des avions gros-porteurs. Au départ de Strasbourg, Amsterdam, relié trois fois par jour, permet une vraie accessibilité internationale grâce au hub de KLM. Mais Strasbourg mise aussi sur sa propre accessibilité: par la route, on atteint Entzheim en 15 minutes à partir du centre-ville de Strasbourg et par le train en 9 minutes depuis la gare. «Nous bénéficions de la meilleure accessibilité de tous les aéroports français, souligne Thomas Dubus. La desserte par train représente une richesse énorme, et nous attendons la mise en œuvre du projet GCO qui permettra de mieux desservir l’aéroport et de développer encore sa zone d’activité».

Chacun en tire le meilleur

Les aéroports alsaciens ne pourraient-ils pas jouer la carte de la complémentarité? À l’heure actuelle cela semble difficile. «D’un point de vue opérationnel, la complémentarité est une réalité au quotidien, assure Thomas Dubus. Via des échanges d’informations, de matériels, etc. mais d’un point de vue commercial, cela relève de l’impossible. Les compagnies aériennes sont dans une situation de concurrence exacerbée, on ne peut imaginer qu’un aéroport puisse imposer sa vision. C’est illusoire». Sauf à instaurer une société unique gérant les trois aéroports et mener une réflexion globale sur la région et le secteur des Trois-Frontières, nous ne pouvons envisager une complémentarité autre que celles qui se mettent en place naturellement par le jeu du marché. Et que ce soit à Colmar, à Mulhouse ou à Strasbourg, «chacun en tire le meilleur», conclut Thomas Dubus.

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