Alain Renou : directeur - Syndicat des Vignerons Indépendants d’Alsace (Synvira)

Quelles sont les missions du Synvira ?

Le Synvira est une association qui défend les intérêts de ses 450 adhérents volontaires, soit 70 % des vignerons alsaciens. Il les aide et les conseille sur les sujets réglementaires, juridiques, économiques et propose des audits et des formations dans le domaine commercial. Mais la partie la plus visible est la communication et l’accompagnement à la commercialisation : valorisation de la marque « Vigneron Indépendant », participation à des salons grand public en France et professionnels à l’étranger. Le Synvira est également à l’origine d’opérations de promotion oenotouristiques, dont certaines ont été reprises dans d’autres régions viticoles françaises : le « Pique-Nique » chez le vigneron, « l’Apéro Gourmand » pour découvrir les accords mets et vins, « Vendangeur d’un jour » pour vivre l’ambiance des vendanges et « Vin Nouveau ». Ces manifestations ont attiré en tout plus de 20 000 participants. Enfin nous proposons aux vignerons d’adhérer à une démarche qualité de l’accueil sous forme d’une charte « Bienvenue chez le Vigneron Indépendant d’Alsace ».

Pourquoi ouvrir un espace à la CCI de Strasbourg ?

Comme nous le faisons avec les salons, nous souhaitons aller à la rencontre du consommateur. Au sein de ce magnifique bâtiment historique, situé sur une des places les plus fréquentées de Strasbourg, nous bénéficierons d’une visibilité incomparable, mais aussi du potentiel commercial des 450 000 habitants de l’Eurométropole et des 16 millions de touristes et visiteurs qui fréquentent le cœur historique de la ville chaque année. C’est un retour aux sources, puisque ce quartier était au Moyen Âge un haut lieu du commerce du vin. Outre la vente des bouteilles d’une centaine de nos adhérents, nous organiserons des animations dans le caveau qui pourra aussi être privatisé pour des évènements d’entreprise par exemple. Nous croyons que cette visibilité aidera les cavistes, bars, restaurants à développer la vente de vins d’Alsace auprès de leur clientèle.

Avec les intempéries, quelle est la situation du vignoble ?

Effectivement, le vignoble alsacien a bien souffert, bien qu’il ait échappé au gel du printemps. Le volume produit sera en baisse de 20 % à 40 %. Les vignerons bio ont été particulièrement touchés du fait de la nature des produits qu’ils utilisent pour protéger la vigne. Mais beaucoup de vignerons vont utiliser leur stock. Les amateurs savent que le bon vin s’améliore en vieillissant. L’impact économique ne se fera sentir que l’an prochain.

Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique ?

L’impact le plus visible est la date des vendanges : en 26 ans, elle a été avancée de 26 jours ! Les canicules, les gels et les sécheresses ont entraîné une augmentation du degré d’alcool des vins, une baisse de leur acidité, ainsi qu’une modification de leurs profils aromatiques. Le vignoble devra s’adapter à ce dérèglement climatique en modifiant notamment les porte-greffes (partie enterrée du cep de vigne). Toutefois, nous constatons des évolutions positives, en particulier sur la qualité du Pinot noir qui peut désormais rivaliser avec son concurrent de Bourgogne. Enfin, nous avons eu récemment d’excellents millésimes surtout en 2018 et 2020. L’Alsace étant une zone de culture septentrionale pour la vigne, la production de vin n’est pas en danger ! > Propos recueillis par Patrick Heulin