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Étienne Leroi : président Grand E-Nov Membre titulaire de la CCI Grand Est - DIRECTEUR GÉNÉRAL de NSC Schlumberger

« L’innovation appartient aux passionnés »

Le 27 janvier dernier, Grand E-Nov, l’agence régionale de l’innovation du Grand Est, a pris le relais d’Alsace Innovation. Vous en avez été élu président. Qu’est-ce que cela change?

É. L.• Avec la création par la Région et la CCI d’une agence de l’innovation à l’échelle du Grand Est, les services aux entreprises ne seront pas dilués dans une grande organisation. Ils resteront au même niveau de qualité et avec le même nombre d’interlocuteurs en Alsace qu’auparavant. Mais en plus, nous offrirons l’avantage d’augmenter les opportunités de mise en réseau, puisque nous bénéficierons de connections avec les entreprises de Lorraine et de Champagne-Ardenne. J’ai également défendu dans cette nouvelle structure le modèle alsacien de financement : 1/3 Région, 1/3 CCI et 1/3 d’autofinancement. Cela veut donc dire que les entreprises doivent payer nos prestations. Je suis convaincu que ce qui est gratuit n’a pas de valeur. Dans l’innovation, il faut que l’entreprise y croie, qu’elle s’engage. Si elle n’est pas en mesure de régler 2500 € pour un diagnostic sérieux, on peut s’interroger sur ses motivations et ses chances réelles de succès.

Quelles sont les missions de Grand E-Nov?

É. L.• Nous gardons nos trois missions principales : d’abord l’ingénierie de projets comprenant la détection, le diagnostic et la structuration de l’innovation, ensuite le développement des start-up après incubation, avec comme objectif de leur faire dépasser le million d’€ de chiffre d’affaires, de créer de la valeur et donc de l’emploi, et enfin l’accès à des financements régionaux, nationaux ou européens. Une nouvelle mission complétera ce dispositif : l’accompagnement des projets territoriaux d’innovation portés par l’Eurométropole, Mulhouse Alsace Agglomération (m2A) et d’autres villes du Grand Est. Nous allons également développer des offres de formation à l’innovation.

Quel bilan tirez-vous de l’action d’Alsace Innovation de ces trois dernières années?

É. L.• Nous avons accompagné, ces trois dernières années, 257 projets dans tous les domaines : industrie, commerce, services. Entre 2012 et 2017, 44,6 millions d’€ ont été injectés dans des entreprises innovantes. En comparaison avec d’autres régions, nous nous situons dans le tiercé de tête avec la Bretagne et la Normandie. Mais en réalité, ce n’est pas nous qui faisons l’innovation, elle vient de l’entreprise. L’innovation est irrésistible, elle émerge forcément, nous lui apportons simplement des vitamines pour l’accélérer, c’est-à-dire pour lui permettre d’arriver sur le marché en trois ans au lieu de dix.

Comment faire pour inciter les jeunes à se lancer dans des entreprises innovantes?

É. L.• C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. J’ai d’ailleurs été très fier de parrainer une promotion de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA). Je remarque que les jeunes ont de plus en plus envie de créer leur entreprise. Ils sont créatifs, donc innovants par nature. Nous les incitons à faire éclore leurs idées au sein d’un incubateur, puis nous les récupérons pour les aider à grandir en leur apportant une aide technique et un financement. Nous allons donc organiser des actions qui leur seront spécialement dédiées en liaison avec les universités et les grandes écoles.

© DR

Quelles sont pour vous les plus belles « histoires » d’entreprises que vous avez accompagnées?

É. L.• Il y en a beaucoup, mais la première qui me vient à l’esprit est celle de Systancia basée à Sausheim, spécialiste en cybersécurité et en virtualisation du poste de travail, qui a connu une croissance à deux chiffres ces dernières années, y compris à l’international. Ses effectifs sont passés de trois salariés à plus de 100 actuellement. Dans des secteurs moins high-tech, Alsace Tôlerie à Colmar avec son site de commande de pièces découpées en ligne démontre que l’innovation est possible même dans des secteurs traditionnels. De même la corderie plus que centenaire Meyer-Sansboeuf à Guebwiller capable de concevoir des ficelles à rôtis, aussi bien que la corde qui a permis d’extraire le cœur du réacteur nucléaire à Fukushima!

Les Trophées de l’Innovation auront-ils encore lieu cette année en Alsace?

É. L.• Les Trophées constituent une très belle occasion de porter l’innovation à la connaissance du grand public. En 14 ans, nous avons récompensé 361 entreprises dans tous les domaines et à ma connaissance, tous les projets ont fonctionné. Nous en gardons donc l’idée dans le cadre de Grand E-Nov. Toutefois, dans un souci de proximité, les Trophées seront sans doute organisés au niveau de chaque territoire, donc bien sûr en Alsace.

Propos recueillis par Patrick Heulin

09/05/2018Partager