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Entreprise en difficultés : décider d’une seconde chance

Confrontée à des difficultés financières, cette commerçante a opté pour une procédure de sauvegarde judiciaire. Ce choix difficile lui a offert une seconde chance.

La sauvegarde judiciaire, une procédure peu connue

Née en 2005, elle place provisoirement une entreprise en difficulté sous protection judiciaire, afin qu’elle apure ses dettes sans attendre la cessation de paiement et poursuive son activité. Artisans, commerçants, professions libérales ou autoentrepreneurs en bénéficient sur demande auprès du tribunal de Grande Instance.

Si le dossier est jugé recevable, le tribunal prononce une période d’observation de six mois (renouvelable deux fois) et suspend les créances. Un plan est élaboré, sous supervision d’un administrateur judiciaire, pour redresser l’activité. Au terme de cette période d’observation, le tribunal lève la procédure (et l’entreprise reprend remboursements et activité) ou prononce la résolution du plan et la liquidation judiciaire si le plan n’est pas respecté et en cas de cessation de paiement.

 

Monter son entreprise ne se fait pas au hasard. La dirigeante de cet espace de restauration le savait : 13 ans d’expérience dans un concept similaire comme manager, un business plan peaufiné plus d’un an et accompagné par Cap Création, un bon emplacement dans le quartier touristique d’une grande ville, deux salles entièrement rénovées pour 100 000€ d’investissement…

Seulement, les travaux de voierie devant son établissement, elle ne pouvait pas les prévoir. « J’ai décalé la date de mon ouverture, à juin 2011, mais ils ont été prolongés de plusieurs mois… Il y avait beaucoup moins de passage, l’établissement était peu visible et la clientèle du quartier n’a pas compensé cette perte, » se souvient l’entrepreneuse (1). « J’ai imprimé des flyers pour me faire connaître, sans résultat. » Un an après son ouverture, à force de « rogner sur la trésorerie », les premières difficultés ont commencé à se faire sentir. « J’ai demandé une rallonge de mon prêt personnel puis à payer le loyer en plusieurs fois. J’appréhendais la venue du facteur et d’éventuelles lettres de relance. »

Un poids psychologique

Elle prend l’initiative d’un rendez-vous au Centre d’Information sur la Prévention des difficultés des entreprises, qui lui conseille la sauvegarde judiciaire (voir encadré). Fin 2012, elle passe devant le tribunal. « C’était très difficile psychologiquement. Je me suis défendue à la barre, face aux juges, avec l’impression d’être une criminelle… Mais je regarde peut-être trop de séries policières, » adoucit-elle d’un sourire.

Le tribunal décide d’une période d’observation de six mois, pendant laquelle factures et remboursement des crédits sont bloqués. Notre entrepreneuse approfondit la gestion de sa trésorerie, lance de nouveaux produits, organise des soirées. Et, surtout, prend les devants pour continuer à travailler avec ses fournisseurs. « Certains ont accepté, à condition de payer dès la livraison. J’aurais dû fonctionner ainsi dès le début. » Ne comptant pas ses heures, elle ouvre plus longtemps le soir, travaille les jours fériés et apprend sur le tas à communiquer sur les réseaux sociaux.

© jesadaphorn / Fotolia

Remonter doucement la pente

Ses efforts portent leurs fruits avec une hausse de 20% de son chiffre d’affaires pendant cette période de sauvegarde judiciaire. « Dans le même temps, j’ai commencé à me verser un petit salaire. » Le tribunal lève la procédure fin 2013. Depuis, son activité croît régulièrement et elle poursuit le remboursement de son prêt et de ses commandes. Elle embauchera un temps partiel pour l’été et le marché de Noël. Si difficile qu’ait pu être cette procédure, notre commerçante ne le regrette pas : « Cela laisse une autre chance et quand on est passé aussi près de l’échec, cela donne encore plus envie de s’en sortir. »

(1) Elle a souhaité rester anonyme

LD.        

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09/03/2015Partager