Transition énergétique : l’Alsace à l’heure de l’éco-logis

La sobriété énergétique des bâtiments implique de revisiter modes de construction, usages, réseaux... Avec trois impératifs : maîtriser les coûts, économiser l’énergie, réduire les émissions de CO2.

Repères

40%

Le bâtiment représente 40% des consommations d’énergie. L’efficacité énergétique est donc un enjeu considérable

500000

Objectif national: la rénovation énergétique de 500000 logements par an, ce qui constitue entre 15 et 25Md€ de chiffre d’affaires pour les professionnels du bâtiment

 

Depuis le 1er janvier 2013, tous les nouveaux bâtiments ne doivent pas consommer plus de 50 kilowattheures d’énergie par mètre carré et par an. C’est-à-dire cinq fois moins que la moyenne du parc de logements actuel. Le secteur du BTP va donc devoir apprendre à construire plus écologique mais pas plus cher. Et demain il lui faudra aller encore plus loin. Pour limiter les rejets de gaz à effet de serre, la France va franchir en 2020 un nouveau palier : à cette date, tous les immeubles sortis de terre devront consommer zéro kilowattheure et, si possible, produire plus d’énergie qu’ils n’en absorbent.

Des chantiers ambitieux en perspective soutenus par la récente loi sur la transition énergétique adoptée le 14 octobre dernier. « Un texte majeur, selon la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, qui marque l’avènement non seulement d’un nouveau modèle énergétique mais plus largement d’un nouveau modèle de développement et de société. »

Une loi ambitieuse ?

Le cap est fixé par des objectifs à moyen et long termes: réduction de la consommation énergétique finale de 50% en 2050, baisse de la consommation de ressources fossiles de 30% en 2030, part des énergies renouvelables portée à 23% en 2020 et 32% en 2030, réduction de 75 à 50% du poids du nucléaire dans le mix énergétique en 2025. Quant aux émissions de gaz à effet de serre, le facteur 4 (division par quatre en 2050) a été réintroduit dans le texte. Le bâtiment est le grand chantier de la loi. Le projet vise un parc immobilier entièrement rénové aux normes « bâtiment basse consommation » en 2050. Quant aux nouveaux bâtiments publics, ils devront afficher une exemplarité énergétique et être, chaque fois que possible, à énergie positive. La performance énergétique fera désormais partie des critères de décence des logements. Un carnet numérique de suivi et d’entretien du logement est mis en place pour toutes les constructions neuves à compter de 2017 afin d’aider les ménages dans leur démarche de rénovation. Et un fonds de garantie est créé pour faciliter le financement des travaux de rénovation énergétique.

Inaugurée fin 2016, la tour à énergie positive de Strasbourg sera le joyau de l’éco-quartier Danube aménagé sur les anciennes friches portuaires.  © Tour Elithis Danube Strasbourg - Architecte X-TU

Un congrès-événement en Alsace

En Alsace, les industriels sont mobilisés, comme l’a souligné l’Énergivie Summit. Un congrès qui a fait date. Pour la première fois, un événement réunissait à Strasbourg – en novembre dernier – professionnels du bâtiment, experts internationaux et chercheurs autour d’un défi majeur: la transition énergétique dans la construction et la rénovation des bâtiments. Pierre-Étienne Bindschedler, Président de Soprema, l’a rappelé avec force. « Réduire l’empreinte carbone des bâtiments, c’est construire autrement, transformer les constructions existantes. Le bâtiment n’est plus autonome : il est de plus en plus connecté. C’est pourquoi nos entreprises collaborent étroitement avec les universités pour mieux comprendre les interactions complexes entre les bâtiments, leurs usagers et leur environnement. Notre responsabilité est d’accélérer cette évolution par la recherche et l’innovation. L’Appel de Strasbourg et le Manifeste Énergivie Summit tracent le cadre de ces évolutions. »

Chez les professionnels, l’implication est totale. Le groupe ES est aux avant-postes. Sa filiale Ecotral conçoit et met en œuvre des solutions performantes pour les entreprises et les collectivités dans les domaines du génie climatique et électrique, des téléservices et de l’éclairage. Désormais, l’entreprise dispose d’une offre de rénovation de bâtiments tertiaires et de logements sociaux avec des solutions innovantes pour atteindre un haut niveau de performance énergétique à un coût optimisé. Ecotral propose également à ses clients des contrats de performance énergétique et s’engage ainsi sur le niveau d’économie d’énergies associé aux travaux réalisés et à l’exploitation des systèmes énergétiques rénovés.

À l’ère numérique

Car l’enjeu aujourd’hui est de faire progresser les pratiques et les technologies afin que les investissements en rénovation énergétique soient amortis par les économies générées. Pas si facile au prix actuel de l’énergie. D’où l’importance de bien identifier les bâtiments les plus énergivores, puis de tester et d’évaluer les solutions. « On peut y arriver en mettant plus de matière grise dans la conception et en travaillant sur la performance de la filière » assure Pascal Payet, Président du comité « efficacité énergétique » de la Fédération Française du Bâtiment. Les pistes sont multiples : développement de la maquette numérique qui met en réseau les professionnels du bâtiment et facilite le travail collaboratif, industrialisation des systèmes constructifs pour réduire le temps d’intervention sur les chantiers, recherche de nouveaux matériaux et de nouveaux process, mise en œuvre des réseaux intelligents (smart grids) qui permettent de penser et de piloter l’énergie à l’échelle des quartiers.

Les technologies de l’information, assurément, changent la donne et ouvrent une période de grande mutation. « Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans la maquette numérique, source de gains de productivité pour nos entreprises, confirme Bertrand Delcambre, Ambassadeur du numérique dans le bâtiment. Songez aussi qu’en 2016, tous les appels d’offres européens seront diffusés en mode numérique. C’est un nouveau modèle qui voit le jour et toutes nos entreprises peuvent tirer chaque jour des avantages de sa mise en œuvre. » Eric Pilarzic

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