Technologies médicales  : la robotique au service de la santé

Du pansement à la prothèse de hanche, de l’imagerie médicale à l’outil chirurgical, les dispositifs médicaux sont au cœur du secteur de la santé. Porte d’entrée du marché européen, l’Alsace bénéficie d’un terreau d’entreprises particulièrement innovantes. dossier réalisé par Françoise herrmann

Repères

150 entreprises

font partie de la filière des technologies médicales en Alsace, dont 50% en R&D, 38% en services, 12% en production.

3297 emplois

Alsace BioValley, c’est 3297 emplois directs et indirects créés depuis 2005 dans la filière santé en Alsace.

Source : Alsace BioValley, 2014

 

Souvent mal identifiée du fait du champ très vaste qu’elle recouvre, l’industrie des dispositifs médicaux est constituée d’un joli tissu d’entreprises et d’une multitude de disciplines. En France, le Snitem (Syndicat national de l’industrie des technologies médicales) recense quelque 1100 fabricants de dispositifs médicaux, dont 76% interviennent dans des activités liées à la R&D. Ils totalisent un chiffre d’affaires de près de 11 Md€ et déposent chaque année près de 600 brevets. Imagerie médicale, robotique, simples consommables comme les seringues, cathéters et autres sondes, prothèses, ce sont souvent des ETI-PME-TPE à dominante exportatrice. En Alsace, ces industries s’appuient sur un environnement unique, situé au cœur de la BioValley franco-germano-suisse, concentration d’acteurs d’excellence situés de part et d’autre du Rhin, entre l’Alsace, le Bade-Wurtemberg et la Suisse. Y cohabitent des experts scientifiques de renommée mondiale, des universitaires de talent et des plates-formes technologiques. Sur le seul secteur des technologies médicales, Alsace BioValley (voir en page 23) dénombre 150 entreprises, dont une trentaine ont des compétences en robotique, un secteur particulièrement dynamique et diversifié. Les acteurs «Techmed» couvrent en effet l’ensemble de la chaîne de valeur de développement, de la recherche au prototypage, à la production, en passant par la validation réglementaire. Autant l’imagerie médicale que les technologies robotisées d’aide à la chirurgie, les implants thérapeutiques ou les pansements intelligents offrent aujourd’hui des réponses nouvelles de diagnostic, de traitement et de prise en charge des malades, à l’hôpital comme à domicile. Au confluent de savoirs multiples, «ce secteur est amené à croître durant quelques années encore», commente Didier Frommweiler, le directeur d’Alsace BioValley. «En croissance de 8% par an, alors que la pharmacie atteint les 4% seulement, il constitue l’une des rares opportunités pour la région», observe le Professeur Jacques Marescaux.

Imagerie médicale et technologies robotisées d’aide à la chirurgie offrent des réponses nouvelles de diagnostic. Ici un équipement de la clinique du Diaconat © Nis & For / Remerciements à la Clinique du Diaconat, Strasbourg.

Un secteur porteur d’avenir…

Si les dispositifs médicaux se trouvent au centre d’une constante évolution que connaît la santé, «ils sont également source d’innovation et de diversification pour des entreprises», observe Didier Frommweiler, dont les équipes ont présenté cette année les opportunités du secteur des technologies médicales à des sous-traitants de l’industrie automobile. Une demande de la CCI de Région Alsace, dans le cadre de son programme Filauto. Car toutes ces entreprises, qu’elles soient issues de la mécanique ou de la plasturgie, disposent de technologies de base leur permettant de s’adapter à la santé et par là même, de diversifier leurs activités. D’autres secteurs peuvent être concernés, comme les TIC. Dans sa mission d’accompagnement, Alsace BioValley aide les start-up aux compétences pointues à détecter de nouveaux marchés, aujourd’hui particulièrement orientés dans l’accompagnement du geste chirurgical, plutôt que dans le diagnostic. Illustrant cet axe de développement fort, le laboratoire I-Cube, spécialisé dans la recherche en informatique, en imagerie et robotique ou l’IRCAD, qui forme des chirurgiens en provenance du monde entier ou l’IHU, Institut de chirurgie mini-invasive guidée par l’image. Pour le professeur Luc Soler, directeur de recherche à l’IRCAD et Pdg de Visible Patient (voir en page 24), «la filière du dispositif médical est en plein boom, liée à un besoin très fort d’instruments chirurgicaux». Et la nouvelle chirurgie repose à la fois sur l’image et l’amélioration du guidage du chirurgien grâce au numérique, et sur l’instrumentation qui permet au chirurgien d’opérer de façon moins invasive, «ce qui va transformer la prise en charge des cancers», souligne Jacques Marescaux. Assurément, l’Alsace bénéficie d’un terreau favorable. Et Strasbourg, véritable campus en centre-ville, n’est pas en reste. «On a quelque chose d’unique, avec un terrain d’expérimentation énorme: hôpitaux, université, biocluster, IRCAD, avec le feed-back des 4300 chirurgiens formés chaque année et de l’apport de Codivien, l’un des plus grands centres de formation chirurgicale en Europe. Le prochain objectif est de terminer l’Institut hospitalo-universitaire, qui sera la plus belle plate-forme au monde».

… et de santé

Comme le souligne une étude prospective du Gouvernement, «l’imagerie médicale du futur doit être pensée comme un vecteur d’économies de santé». Toutes ces avancées conduisent à réduire les coûts de santé, du fait de l’amélioration de la qualité de l’offre de soins et de la prise en charge des patients. Selon la DGCIS, qui a identifié la technologie pour l’imagerie du vivant comme un des segments stratégiques de l’économie française, le challenge aujourd’hui est de renforcer l’émergence de solutions innovantes tout en simplifiant le parcours administratif et le raccourcissement des délais de mise à disposition des innovations aux patients. Avec le vieillissement de la population, la chronicité des maladies qui supposent des besoins médicaux toujours plus importants, «ce marché reste en croissance, malgré les restrictions budgétaires des organismes payeurs».* Ministère du Redressement productif.

**Étude prospective «imagerie médicale du futur», Technologies clés 2015, DGIS, 2011

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