TOURISME : en 2021, le voisin d’hier est le touriste de demain

Pour relancer la machine du tourisme, les professionnels de la région rhénane soignent leur communication vers l’étranger. Certains tentent d’agrandir leur aire de rayonnement, tandis que d’autres misent sur les locaux en proposant une offre qui sort des sentiers battus. 

Le parc du Petit Prince joue aussi la carte de l’universalité. 2021 marque les 75 ans de la sortie en France de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. © DR

«Quelle est la première attraction lors d’une visite à Europa-Park ? L’autoroute allemande. » Faute de pouvoir accueillir son public, le parc d’attractions a entretenu la flamme avec sa communauté frontalière, en multipliant les private jokes, les challenges et les reportages maison sur les coulisses du parc. Avant même d’annoncer une date de réouverture, Europa-Park a publié 400 offres d’emploi et mobilisé le service transfrontalier du Pôle Emploi de Sélestat. Malgré la crise, le parc ambitionne toujours d’accroître sa notoriété en France, au-delà de la région Grand Est. « Dès que nous passons dans un média français national, il y a un pic d’intérêt dans les jours qui suivent, note Sébastien Ganzer, community manager francophone du parc. Mais pour beaucoup de Français, l’Allemagne ça reste le bout du monde. On essaie d’être pédagogique, on insiste beaucoup sur le fait qu’une grande partie du personnel parle français. »

Une offre complémentaire aux « classiques » pour les locaux

Tout le monde n’a pas la force de frappe de la famille Mack, propriétaire d’Europa-Park. Pour beaucoup, l’année 2021 ressemblera à l’année 2020, avec une clientèle principalement régionale. « La clientèle franco-suisse est celle qui a le mieux résisté l’an dernier, constate le directeur de Schwarzwald Tourismus GmbH, Hansjörg Mair. Mais nous avons perdu 70 % des touristes britanniques et plus de 80 % des touristes américains. » Selon l’office de la statistique du Bade-Wurtemberg, le nombre de clients enregistrés dans les lieux d’hébergement a chuté de 78 % entre janvier et mars 2021 par rapport à l’année précédente. Même constat pour son homologue français Marc Levy, directeur général d’Alsace Destination Tourisme, qui ajoute à la crise des raisons budgétaires. Avant même le début de la pandémie, la fin des financements européens annonçait un ralentissement du projet Upper Rhine Valley. Ce programme Interreg a permis une coopération entre professionnels du tourisme frontalier et a augmenté leur force de frappe auprès de la clientèle lointaine. « Nous continuons de travailler ensemble et d’alimenter le site internet d’Upper Rhine Valley, tempère Marc Levy. Mais il serait hasardeux dans le contexte actuel de lancer une nouvelle campagne d’envergure à destination d’un public intercontinental. » Pour séduire son public proche, Alsace Destination Tourisme a sorti, en début d’année, le guide « Rêver d’Alsace » qui propose plus de 100 expériences pour son public d’habitués fatigué des « 5C » (colombages, cigognes, coiffe, choucroute, cathédrale). « C’est aussi l’occasion de montrer à un touriste, qui venait pour quelques jours, qu’il pourra revenir sans crainte de s’ennuyer. » Y figurent la découverte du Ried en barque plate, l’improbable musée du street art de Neuf-Brisach ou encore le parc du Petit Prince à Ungersheim. Naturellement bilingue dans son fonctionnement, ce parc d’attractions compte sur le public transfrontalier pour rattraper le rendez-vous manqué du printemps, même s’il a fallu s’adapter : « Nous avons opté pour une communication prudente, explique Anaïs Wrobel, responsable marketing du parc, notamment en attendant des conditions optimales de passage à la frontière, pour déclencher notre communication digitale en allemand. » > Pierre Pauma

reves.alsace
schwarzwald-tourismus.info

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