GAIA-X : la réponse franco-allemande aux géants du web

Gafam s’écrira-t-il un jour Gafam€ ? Avec Gaia-X, initié par des acteurs franco-allemands du numérique, l’Europe entend rattraper son retard sur l’Amérique et la Chine. Au-delà des enjeux économiques, se pose aussi la question de la souveraineté numérique.

Proximité, rapidité, puissance : Gaia-X permettra aux entreprises de trouver une solution européenne adaptée à leurs besoins en services cloud. © Adobe StockLe débat engagé autour de Huawei et de la 5G le rappelle : à défaut de domination dans le domaine de l’économie numérique, le vieux continent veut faire respecter la souveraineté de ses données. C’est dans cette optique que la France et l’Allemagne ont lancé conjointement Gaia-X en 2019, avec 22 entreprises : 11 françaises et 11 allemandes, parmi lesquelles Orange, Atos, OVHcloud, Bosch, Siemens et Deutsche Telekom.

« Nous ne sommes pas le Google européen »

Le sommet de Gaia-X, qui s’est tenu en ligne les 18 et 19 novembre 2020, a permis de présenter une version bêta et de rappeler quelques fondamentaux. Présenté dans un premier temps comme « l’Airbus de la data », Gaia-X est en fait une association basée à Bruxelles, près de la Commission européenne qui soutient le projet. « Le but n’est pas de devenir une plate-forme monolithique, ni un fournisseur unique, rappelle Dr. Boris Otto, directeur du Fraunhofer-Institut für Software- und Systemtechnik, mais plutôt un écosystème d’acteurs qui répondront à différents critères. »
Cet « écosystème » prend pour l’instant la forme d’un catalogue de services (fournisseurs de clouds, hébergeurs, applications...) avec différents filtres comme le lieu d’hébergement, les critères de performance ou encore sa compatibilité avec d’autres services recensés par Gaia-X. Chaque fournisseur doit également donner des gages de transparence… y compris son éventuelle dépendance à des services proposés par des géants du web.

Ouvert aux acteurs extra-européens

Pour rejoindre Gaia-X et figurer dans le catalogue, les fournisseurs doivent montrer patte blanche et répondre à un certain nombre de critères : respect du règlement général sur la protection des données (RGPD), présence d’un siège social en Europe, transparence, interopérabilité. Professeur au Karlsruher Institut für Technologie (Institut de technologie de Karlsruhe), Ali Sunyaev a participé à l’élaboration du protocole de certification pour ce projet. « Nous mettons un point d’honneur à ce que les normes attendues d’un service cloud par exemple fassent l’objet d’une veille permanente, pour être certains que les standards attendus soient bien respectés. Cela permettra non seulement d’accroître la confiance dans les services proposés, mais aussi de créer une transparence d’un genre nouveau. » Pourtant, Google, IBM et Microsoft se montrent déjà intéressés par le projet et collaborent à plusieurs groupes de travail. Rien ne les en empêche, s’ils se conforment aux standards requis. À défaut de leur opposer des concurrents dans l’immédiat, le projet les obligerait à se plier aux standards européens.
Pour autant, Ali Sunyaev espère qu’en encourageant l’interopérabilité et la transparence, Gaia-X fera aussi émerger une gamme de services locaux : « De plus en plus d’entreprises envisagent de recourir à des services cloud. En remplissant ces standards, les fournisseurs de services numériques pourront plus facilement se placer sur le marché. Entre les leaders du secteur et les acteurs qui proposent des solutions de niche, l'association permettra de couvrir toutes les attentes. »
>  Pierre Pauma

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