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Anne Vetter-Tifrit  : présidente Alsace et Grand Est des conseillers du commerce extérieur de la Franc (CCE)

« Nous mettons de l’huile dans les rouages »

© DRQuelles sont les missions des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCE) ?

Nous sommes des chefs d’entreprise bénévoles nommés par décret ministériel pour mettre notre expérience au service du développement international du pays. Nous sommes 70 en Alsace. Notre première mission consiste à faire remonter auprès des pouvoirs publics les distorsions de concurrence avec les pays étrangers que nous constatons sur le terrain, dans les domaines commercial, social et fiscal. Par exemple, des applications différentes de la réglementation européenne. Nous apportons également notre appui aux entreprises, en organisant des échanges de bonnes pratiques et en faisant part de nos expériences sur les marchés étrangers que nous connaissons en particulier. Une forme de parrainage et de mise en réseau complémentaire aux actions de la CCI. En résumé, nous mettons de l’huile dans les rouages. Particularité régionale, nous travaillons beaucoup à développer la coopération transfrontalière. Notre bonne connaissance de notre territoire nous permet également d’aider les agences de développement à y attirer des investisseurs étrangers. Nous participons ainsi pleinement à l’attractivité et au rayonnement de notre région. Enfin, nous encourageons les jeunes à s’ouvrir au monde, notamment en faisant la promotion du Volontariat International en Entreprise (VIE).

Quel est l’intérêt du VIE ?

L’intérêt est à la fois pour les jeunes et pour les entreprises. Pour un(e) jeune diplômé(e), c’est une opportunité exceptionnelle de se faire une première expérience professionnelle à l’étranger, mais aussi de se créer un réseau. C’est l’occasion de faire preuve d’autonomie, de débrouillardise et même de courage, mais dans un cadre rassurant. Pour les entreprises, c’est une manière économique de prospecter ou développer un marché à l’étranger, mais aussi de recruter, puisque 92 % d’entre elles recrutent leur VIE à l’issue de la mission.

Comment se situe le commerce extérieur alsacien ?

L’Alsace assure 5,8 % des exportations et 6,8 % des importations françaises. Compte tenu de sa situation géographique, c’est une région très dynamique à l’export. Longtemps excédentaire, sa balance commerciale est devenue déficitaire l’an dernier en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie. L’Allemagne est logiquement son premier client (1/3 des exportations). À noter que la balance commerciale alsacienne est équilibrée avec ce pays. Les États-Unis et l’Italie sont respectivement nos deuxièmes et troisièmes clients. Côté importation, l’Allemagne est aussi sur la première place du podium, suivie de la Chine et de l’Italie. 2 500 entreprises alsaciennes exportent régulièrement, mais 20 % d’entre elles assurent 80 % du volume. La pharmacie, la chimie et les équipements électriques sont les secteurs les plus exportateurs.

Bio express

→ Depuis janvier 2022 :
présidente Grand Est des Conseillers du Commerce Extérieur de la France

→ Depuis 2000 :
dirigeante du Groupe Velum, fabricant d’éclairage professionnel LED basé à Bischoffsheim/67

→ 1997-1999 :
formation ingénieur CentraleSupélec

Comment expliquez-vous le déficit commercial structurel de la France ?

Il s’explique avant tout par la désindustrialisation du pays depuis de nombreuses années, mais aussi par de nombreuses entraves au développement des entreprises, par exemple dans les règles de transmission. Pour se placer à l’export, il faut proposer des produits à forte valeur ajoutée. C’est le cas de l’Allemagne. En plus, ses entreprises « chassent en meute », c’est-à-dire qu’elles s’entraident pour prospecter à l’étranger. C’est le modèle à suivre. Il semble néanmoins que les choses évoluent, notamment avec le plan France 2030 qui vise à permettre au pays de retrouver son indépendance industrielle, technologique.

Quel est l’impact de la guerre en Ukraine et des sanctions sur la Russie sur les exportations régionales ?

Difficile de mesurer l’impact qui varie selon les entreprises. Globalement, les entreprises alsaciennes ne sont pas très dépendantes de ces deux marchés. La conséquence la plus inquiétante est l’augmentation du prix de l’énergie et donc de leurs coûts de production qui pénalisent leur compétitivité à l’étranger. Seul effet bénéfique, la faiblesse de l’euro vis-à-vis du dollar rend leurs produits moins chers sur certains marchés et permet d’espérer une augmentation de leurs exportations. > Propos recueillis par Patrick Heulin 

Anne Vetter-Tifrit 
Présidente Alsace et Grand Est des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCE) 
cnccef.org 
 @Les_CCE
 Les Conseillers du Commerce extérieur de la France   

14/11/2022Partager