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Manou Massenez–Heitzmannex-présidente de l’ARIA Alsace *  : « J’ai exercé ce mandat avec passion»

Que représente l’industrie agroalimentaire dans l’économie alsacienne?

M. M. H.• L’industrie agroalimentaire est un poids lourd de l’économie alsacienne avec un chiffre d‘affaires de 5,6 milliards d’euros. C’est le deuxième secteur industriel en termes de nombre d’entreprises, de valeur ajoutée et de salariés, avec 17500 emplois directs. L’ARIA Alsace regroupe la totalité des 250 industriels du secteur : des grands groupes internationaux comme Mars, Heineken, Kronenbourg, des ETI, mais aussi des petites entreprises familiales. Bien qu’en baisse ces dernières années, le secteur investit plus de 100 millions chaque année pour se moderniser. Il se caractérise aussi par la diversité de ses produits: liquides (vins, bières, eaux minérales, jus de fruits, eaux de vie), produits carnés et laitiers, confiseries, farines, thés, chocolats, cafés, pains d’épices. Très dynamique et innovant, c’est un atout majeur pour l’économie alsacienne, d’autant plus que ce sont des entreprises souvent non délocalisables. L’agroalimentaire souffre toutefois de marges restreintes dues à la volatilité des cours des matières premières et de l’augmentation de ses charges.

Les consommateurs ont modifié leurs comportements alimentaires : vegan, sans gluten, faible teneur en sucre et en graisse... Comment les industriels alsaciens se sont-ils adaptés à ces tendances?

M. M. H.• Avant tout par l’innovation, et l’ARIA les accompagne dans ce domaine. Dès 2012, nous avons lancé le programme Novia, « la haute couture de l’innovation », qui a permis à 70 entreprises de bénéficier d’un diagnostic d’innovation réalisé par des experts sélectionnés. Six d’entre-elles ont concouru au trophée Alsace Innovation. À titre d’exemple, le veggie burger créé par Collin. En 2015, nous avons ouvert le Food Studio, « une boîte à outils de l’innovation » qui permet à des PME qui n’ont pas les moyens de disposer d’un service R&D d’innover. Le Food Studio recueille les demandes des entreprises, les aide à formaliser et les accompagne pour atteindre leur objectif, y compris dans leur approche financière et marketing. C’est un véritable accélérateur d’innovation.

Vous avez lancé la marque « Savourez l’Alsace ». Quels sont les objectifs de cette démarche?

M. M. H.• Contrairement à d’autres régions, nous avons mis du temps à réaliser l’intérêt de miser sur une marque Alsace. La raison en est simple, nous disposions de marques fortes, comme Melfor, Sati, Pâtes Grand-mère, Carola…, qui se suffisaient à elles-mêmes. Mais pour conquérir d’autres régions ou pays, nous avons compris que nous pouvions mettre en avant la qualité et le savoir-faire du « made in Alsace ». Nous avons donc décliné la marque Alsace lancée par l’ex Conseil Régional en créant un label «Savourez l’Alsace» qui garantit que les produits sont élaborés en Alsace par des entreprises alsaciennes, et qu’ils respectent un cahier des charges détaillé. Aujourd’hui 4400 références produits sont commercialisées sous cette marque, dont nous assurons la promotion dans des salons professionnels et dans les grandes surfaces alimentaires. Enfin nous avons été heureux d’être rejoints dans cette démarche par la Chambre d’Agriculture qui utilise «Savourez l’Alsace - Produit du terroir» pour la promotion des produits qui poussent sur le sol alsacien.

© Francois Nussbaumer

Quelle est l’importance de l’international pour l’industrie agroalimentaire régionale ?

M. M. H.• 61% des industries alimentaires alsaciennes exportent. Quand j’ai pris la présidence de l’ARIA, venant d’une entreprise fortement exportatrice *, j’ai constaté qu’il existait plus de 14 acteurs d’accompagnement des entreprises à l’international. Nous avons jugé que le plus compétent était la CCI, et nous avons signé une convention en 2008 pour en faire un «guichet unique» des entreprises, avec à la clef la mise à disposition d’un salarié à mi-temps. Résultat, nos adhérents exportent en moyenne 3% en plus que la moyenne nationale du secteur. Nous étions à l’avant-garde puisqu’à la demande du ministère des Affaires étrangères le modèle de guichet unique sera mis en place par les réseaux CCI et Business France. Nous avons également beaucoup développé notre présence sur les grands salons professionnels internationaux en installant un «Village Alsace» au Sira à Lyon, à l’Anuga de Cologne, au Fancy Food de New York, et au Food Hotel show de Shanghai. Chaque année, nous regroupons de plus en plus d’exposants et le stand Alsace est souvent le plus grand de toutes les régions françaises.

Vous avez quitté la présidence de l’ARIA Alsace en juillet dernier. Quel bilan tirez-vous de vos 12 années de mandat?

M. M. H.• Je suis à la fois fière et heureuse des résultats obtenus, notamment dans les domaines de l’innovation et de l’international, mais aussi par notre labellisation Cluster attribuée par le gouvernement en 2010. Elle est la seule ARIA de France à avoir obtenu ce statut. J’ai exercé ce mandat avec passion, et en retour j’ai bénéficié de la passion des administrateurs, de leur participation active et de l’adhésion des entreprises adhérentes qui se sont pleinement investies dans tous les projets que nous avons lancés, avec toujours comme objectif l’excellence des produits alsaciens.

Propos recueillis par Patrick Heulin

*Son remplacement est assuré par une présidence collégiale composée des Vice-Présidents : Emmanuel Goetz, PDG Bretzels Burgard, Sébastien Muller, PDG Le Pic SA Franck, Valérie Siegler, DG des Grande Sources de Wattwiller, Isabelle Heumann, PDG Paul Neumann SA, et Jérôme Marienne DG Pâtes Valfleuri **Distillerie Massenez

06/09/2018Partager