Du ruban au papier : mARI traverse les cycles
Pas toute jeune MARI… À son actif, 80 ans de découpe de papiers, d’investissements réguliers et d’ouverture à de nouveaux marchés. Tout en gardant son cœur de métier, l’entreprise se place parmi les derniers transformateurs français.
D’abord spécialisée dans les rouleaux de bandes de coton destinés à l’isolation des câbles électriques, la société basée à Gundershoffen/67 n’a eu de cesse de se diversifier pour s’adapter aux contraintes de son environnement économique. Aujourd’hui encore, l’ancienne Manufacture Alsacienne de Rubans Industriels, renommée société MARI, investit pour s’ouvrir à de nouveaux marchés à forte valeur ajoutée comme le non-tissé et le film plastique. Parmi ses derniers investissements, une coupeuse polyvalente pour différents types de coupe et découpe, destinés à tous types de supports. Gérard Rusch, le directeur actuel et représentant de la 3e génération, a consacré 350 000€ à cet outil qu’il espère voir rentabilisé rapidement par l’augmentation de ses ventes sur les marchés européens.
Si MARI est toujours dans la course, c’est aussi grâce à l’adaptabilité et à l’innovation constante de ses dirigeants successifs. Depuis sa création en 1934 à Gundershoffen, ceux-ci ont réussi à traverser les guerres et les crises, en rebondissant, en investissant et en faisant évoluer les produits et les locaux.
« Notre point de départ fut le ruban à bord encollé ; puis ont suivi le carbone, l’autocopiant, la découpe de papiers et cartons d’emballages de produits alimentaires. »
Diversification et approche internationale
« En cherchant à nous démarquer, nous avons également visé de nouveaux marchés, en faisant du « sourcing » en Europe et en Asie », explique le dirigeant qui annonce un chiffre d’affaires 2014 de 2 M€ et une prévision 2015 à 2,3 M€. Parmi les spécialités récemment intégrées, le façonnage de papiers très fins, ultra-légers et difficiles à manipuler ou encore les films décors. Gérard Rusch a également ouvert un département spécial, MARIplusFilm, créé en partenariat avec un spécialiste allemand du secteur, Stefan Sinzger. Autre projet en cours: la commercialisation à grande échelle de produits holographiques destinés à l’industrie du packaging, des boissons, de la confiserie et des manchons rétractables. Le tout avec une approche internationale. Preuve que l’entreprise qui vient de fêter ses noces de chêne ne manque pas de ressources… FH.
Infos+
Un peu d’histoire
Créé en 1934 à Gundershoffen-67 par Georges Jaggi et 10 associés, la Manufacture Alsacienne de Rubans Industriels -devenue MARI en 1991- a d’abord fabriqué des rubans à bord encollés. Clients : Thomson Houston, Electro-Câble, Silec. Après la guerre et la construction d’une nouvelle usine à Gundershoffen, la rentabilité de l’entreprise sera de courte durée. Arrivent la crise économique générale et celle de la branche du coton. De nouvelles matières synthétiques apparaissent, obligeant les dirigeants à rechercher de nouveaux produits. L’année 1958 correspondra à l’arrivée du carbone. Les bobines sont transformées en feuilles. Le développement très rapide des ventes nécessitera d’agrandir les locaux de 700 m² répartis sur deux niveaux. Lorsque le fondateur part à la retraite, en 1968, son associé Frédéric Rusch prend les rênes de l’entreprise. Les affaires tournent tellement bien que de nouveaux agrandissements interviennent, successivement de 1 250 m² et 625 m², cette fois-ci sur neuf mètres de haut, portant le total de la surface développée à 4 500 m². On est en 1978.
Succès aidant, l’entreprise crée une agence pour la région parisienne, avec location d’un dépôt à Romainville. Ceux-ci malheureusement fermeront quelques années plus tard. 1982 sera l’année record du carbone, avec une production de 2 600 tonnes, soit 130 millions de m². Imaginez-vous : cela représente près de 400 000 km ! Alors que petit à petit le marché du papier carbone se met à décliner, l’entreprise investira dans l’autocopiant et développera de nouvelles activités, comme le négoce de rubans double face pour pochettes et de produits adhésifs pour la fabrication d’étiquettes. MARI travaillera également en sous-traitance pour les grandes papeteries françaises et continuera d’investir dans de nouveaux matériels de découpe. Suivront des hauts et des bas, liés à la situation économique fluctuante. Une crise impactera la branche papetière en 2005, où de nombreux clients de l’entreprise déposeront le bilan.
Mais l’entreprise résiste et repart de plus belle en 2013 avec un développement orienté vers les papiers alimentaires. En cherchant sans cesse à se démarquer, l’entreprise aujourd’hui dirigée par Gérard Rusch vise de nouveaux marchés, envisage la commercialisation à grande échelle de produits holographiques destinés à l’industrie du packaging, des boissons, de la confiserie et des manchons rétractables. L’octogénaire n’a pas fini de nous surprendre… FH
MARI • 1, Grand-Rue à Gundershoffen • 03 88 72 91 07 • www.mari.fr