Industrie du futur : le robot est-il l'avenir de l'homme ?

Des usines connectées, flexibles, tirant parti des nouvelles technologies : l’industrie du futur dessine un nouveau modèle de production. Mais quelle place pour l’homme et l’emploi? À l’heure de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, il est temps pour les entreprises de réinventer les organisations et les métiers. Dossier réalisé par Éric Pilarczyk

© Simon WilliamsonAutomatisation, robotique, intelligence artificielle, digitalisation... Autant d’avancées technologiques incarnées par l’industrie du futur mais qui interrogent dans les entreprises.

Quand certains craignent d’être définitivement remplacés par la machine, d’autres y voient plutôt une opportunité d’améliorer les conditions de travail en s’affranchissant des tâches répétitives sans valeur ajoutée.

Sans entrer dans les différents débats, n’oublions pas que l’un des objectifs de l’usine du futur est d’enrichir le tissu industriel de la France face à la concurrence des pays émergents en développant l’offre technologique et en plaçant l’homme au cœur de l’usine. L’ambition n’est donc pas de supprimer des emplois mais bien de mettre à disposition tous les moyens possibles pour une montée en puissance des collaborateurs dans leurs fonctions.

Selon la Fédération internationale de la robotique, entre 2010 et 2016, l’industrie automobile américaine s’est équipée de 52000 robots. Au cours de la même période, le secteur a créé 260000 emplois. Aux États-Unis toujours, quand Amazon annonce l’installation de 45000 systèmes robotisés, cela s’accompagne d’une création de 100000 emplois à plein temps. Cette évolution répond aux nouvelles contraintes du marché qui passe d’une logique « produit » à une logique « d’usage », avec des productions de plus en plus individualisées, associées à des bouquets de services.

Un repositionnement des ressources

Repères

Le numérique est créateur d’emplois : 11000 postes chaque année.

Selon une étude de l’OCDE, 25 % des emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui.

 

Le défi de l’usine du futur impose ainsi de faire preuve de flexibilité et de créativité, de produire dans une proximité avec les fournisseurs et les clients totalement associés au système. Avec la robotisation et la digitalisation s’opère un transfert de compétences, un repositionnement des ressources qui permet de libérer les employés et les faire évoluer vers de nouvelles fonctions moins fastidieuses. Pour réussir cette conversion, il faut pouvoir les former le plus tôt possible autour du numérique et des nouvelles méthodes industrielles.

Deux compétences sont particulièrement recherchées dans l’industrie du futur basée sur l’innovation, l’agilité et l’accélération du temps : la capacité à prendre rapidement des décisions et à analyser des données pour les convertir dans le process et ainsi améliorer l’efficacité des procédés et réduire les coûts. Des métiers hautement qualifiés font leur apparition, liés à l’utilisation des données, à l’expérience utilisateur, à la recherche et développement, au design.

Dans ce contexte de mutation des profils, la conduite du changement est fondamentale. Le management devient transversal, collaboratif, offrant plus d’autonomie et de responsabilités à chacun. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice dans ces nouveaux processus numérisés et mieux intégrés. La chaîne de valeur globale dans l’entreprise est optimisée par une collaboration simplifiée.

© Jean-François Badias

Des concepts théoriques? En Alsace, les exemples d’entreprises aux avant-postes de ce mouvement se multiplient. À Rhinau, la société Jetlaque a mis au point un logiciel de travail collaboratif pour faciliter le partage d’informations. À Brumath, l’usine SEW-USOCOME est pionnière dans la collaboration homme-machine. À Erstein, la société WhiteQuest  propose des salles de réalité virtuelle pour former les salariés à la transformation digitale et aux techniques numériques de production.

Chez Endress+Hauser à Cernay, la numérisation du process a redéfini les relations entre salariés et fournisseurs. Exit la hiérarchie verticale : place à une co-construction de valeur. Un profond changement de culture et de posture se diffuse dans les entreprises grâce aux communautés de pratiques initiées par la CCI Alsace Eurométropole.

Bizz & Buzz : restez connectés !

Pendant trois jours, du 3 au 5 avril 2018, le festival du numérique Bizz & Buzz abordera la place de l’humain dans un monde automatisé.

Ateliers, conférences et meet-ups pour éclairer et positiver le débat.

 

« Ces échanges nourrissent l’expérience des entreprises sur les nouveaux modèles d’organisation basés sur l’autonomisation des collaborateurs et la libération des potentiels, explique Mireille Hahnschutz, conseillère industrie à la CCI Alsace Eurométropole. L’objectif est d’essaimer les pratiques d’excellence et d’inciter les dirigeants à intégrer ces communautés apprenantes. Les groupes NSC Schlumberger à Guebwiller, Wolfberger et Liebherr à Colmar sont très engagés dans cette démarche. Notre rôle est de fédérer les acteurs pour les aider à progresser ensemble, de faciliter les rencontres et le partage de projets. Ce travail d’intelligence collective permet de lever les doutes et les verrous qui entravent bien souvent la transformation de l’entreprise. »

Direction Industrie
Mireille Hahnschutz • 03 88 76 42 40 • m.hahnschutz@alsace.cci.fr
Frédéric Papelard • 03 88 76 42 07 • f.papelard@alsace.cci.fr

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