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l’Alsace, une région dynamique

Dominique Meyer, Directeur de l’Opéra de Vienne, revient sur son parcours, de l'Alsace à l'Autriche en passant par le Ministère de la Culture.

© Wiener Staatsoper / Michael Poehn

Qui êtes-vous?

D. M. • Je suis né en Alsace en 1955. J’ai effectué une partie de ma scolarité à Vieux Thann et à Thann. Comme mon père était militaire, nous avons beaucoup voyagé, notamment après ma 6e au Lycée Scheurer Kestner. Mes études secondaires se sont poursuivies à Nîmes, et j’ai passé mon Bac à Paris. Après des études en sciences économiques – je me destinais à être professeur en macro-économie –, les hasards de la vie ont bouleversé mes plans. Mon père est décédé brutalement en Allemagne. J’ai quitté mon poste d’enseignant à l’Université pour le Ministère de l’Industrie, avant d’être engagé au Cabinet de Jack Lang. Ma fonction associait questions économiques et culture.

En 1986, j’ai été engagé à l’Opéra de Paris. Deux ans plus tard, je suis retourné au Cabinet du Ministre de la culture, avec des attributions plus larges. Je me suis investi dans le secteur de la communication et des médias, contribuant à la rédaction de la loi sur les médias et à la création du CSA. En 1988, j’ai participé à la fondation d’Arte, et proposé que le siège soit à Strasbourg. Puis j’ai dirigé l’Opéra Bastille, avant d’être nommé directeur de cabinet du ministre de la communication, et puis conseiller technique au cabinet du Premier Ministre, où je me suis également occupé de la jeunesse et des sports.

En 1993, j’ai été amené à diriger des opéras à Lausanne – quatre années merveilleuses. Puis ce fut le théâtre des Champs-Élysées à Paris, où je suis resté pendant 11 ans. Contacté par le Ministre autrichien de la culture, j’ai accepté de diriger l’Opéra de Vienne où je suis en poste depuis 2010. Finalement, mes appétences culturelles et mon métier se sont rejoints…

Présentez-nous l’Opéra de Vienne

D. M. • Le « Wiener Staatsoper » est l’une des institutions lyriques les plus anciennes au monde. Je le situe, en densité et en nombre de représentations, devant le Metropolitan de New-York et le Covent Garden de Londres. 1000 personnes y travaillent et jouent 300 fois par an. Avec 50 opéras différents et 10 ballets, c’est un festival permanent. L’une des caractéristiques de l’Opéra est sa salle, unique et majestueuse, de 1700 places assises et 600 debout.

Celles-ci sont vendues à 3€ le jour même de la représentation, ce qui permet à tout un chacun de venir ! Nous avons d’ailleurs un public très mélangé. Cela commence par les familles qui amènent les enfants à l’opéra. Pour exemple, Casse-Noisette, joué un dimanche à 11 h, a été applaudi par 350 enfants. Je trouve cela très beau, cela marque une forme de reconnaissance de la population de l’art lyrique et chorégraphique.

Ici, l’opéra n’est pas réservé à une élite, bien au contraire. Il faut dire qu’à Vienne la musique et la culture sont véritablement ancrées dans la société. Notre succès est aussi lié à notre possibilité d’engager les plus grandes stars. La saison 2013 était excellente, avec 99, 2% de places vendues, pour 600 000 entrées.

Quel regard portez-vous sur l’Alsace aujourd’hui?

D. M. • L’Alsace est une région dynamique, au carrefour de plusieurs frontières, on y travaille avec beaucoup d’énergie et de compétences. Par contre, je suis parfois navré de voir certains résultats d’élections… alors que j’ai en mémoire l’image d’un pays ouvert. Je garde de bons souvenirs de mon enfance et de ce merveilleux pays, des paysages, de la collégiale et de la chapelle dans le vignoble qu’on apercevait depuis l’école.

Ce qui m’a frappé, c’est le déclin d’un type d’agriculture, celle de mon enfance : mon grand-père avec ses 6ha était parfaitement autonome. L’évolution industrielle n’a pas que des atouts. A contrario, le vignoble et les vins portent très haut le flambeau de l’Alsace. Et chaque fois qu’on évoque l’Alsace à l’étranger, j’entends « L’Alsace? Oui, j’y étais, et j’ai envie d’y retourner ». Maman étant restée à Thann, j’y reviens régulièrement – pas assez d’ailleurs, et cela me manque.

Propos recueillis par F. Herrmann

07/03/2014Partager