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Franck Vogel : les Alsaciens sont des battants

© Franck Vogel

Franck Vogel, qui êtes-vous ?

F. V. • Je suis né à Strasbourg en 1977 et j’ai grandi à Traenheim. J’ai vécu en Alsace jusqu’à l’âge de 20 ans. Après une licence de biochimie à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, je suis parti aux États-Unis près de New York pour y préparer un double diplôme en biochimie. Admis à l’Institut National Agronomique Paris Grignon (devenu AgroParisTech), j’en suis sorti avec un diplôme d’ingénieur agronome. J’ai travaillé quelque mois chez Accenture, une société internationale spécialisée dans le conseil en management, avant de démissionner et de partir en 2002, avec 1500€ en poche, pour un tour du monde en stop et chez l’habitant – les financements que j’avais obtenus étaient tombés en même temps que les tours à New York. J’aimais déjà la photo à cette époque, mais le but de mon voyage était plutôt spirituel. De l’Afrique à l’Asie, du Kenya à l’Inde puis au Népal, j’ai côtoyé différentes religions et appris la méditation dans l’Himalaya puis en Birmanie, où j’ai eu un vrai déclic pour la photo. Au final, la perte de mes partenaires financiers a été la meilleure chose qui me soit arrivée.Je suis rentré à Paris pour me trouver une place dans le milieu des médias et ai mis cinq ans avant de vraiment vivre de la photo. Au travers de mes pérégrinations, je voulais profiter de la rencontre des autres pour sensibiliser l’opinion publique, soit en dénonçant des faits de société comme les massacres en Tanzanie, soit en amenant des choses plus inspirantes. C’est ce que j’ai fait au travers du reportage sur les Bishnoïs, une communauté qui vit en harmonie avec la nature et la vie sauvage en Inde. J’ai été publié à travers le monde, dont GEO en mars 2009, à l’occasion du trentième anniversaire du magazine. Mon film documentaire sur les Bishnoïs, «Rajasthan, l’âme d’un prophète» (2011, France 5, 52 min) a été primé et diffusé de nombreuses fois en France et à l’étranger. Le DVD du film est disponible dans tous les bacs depuis le 22juillet dernier.

Que faites-vous actuellement ?

F. V. • Je travaille sur d’autres sujets environnementaux, sociaux, ethnologiques et géopolitiques. J’ai commencé par photographier et étudier les fleuves frontières dont le Nil et le Brahmapoutre (un fleuve qui traverse la Chine et l’Inde et se jette dans l’Océan Indien) qui connaissent des tensions liées à l’eau. Mes reportages ont été publiés dans différentes revues et journaux internationaux. Les prochains fleuves au programme seront le Colorado, le Mékong, le Jourdain et le Xingu (en Amazonie). Je prévois la sortie d’un livre d’ici trois ans. J’ai d’autres projets notamment dans le cinéma à Hollywood puisque je serai directeur de la photographie d’un prochain long-métrage. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir fait ce choix de métier. J’avais certes des appétences pour la biologie et l’agronomie, mais je n’y ai pas trouvé assez de contacts humains. À présent je vis ma passion et je n’ai pas l’impression de travailler, mais plutôt de faire quelque chose d’utile qui donne un sens à ma vie.

Quelle image avez-vous de l’Alsace aujourd’hui ?

F. V. • L’Alsace est une très belle région. J’y ai grandi au milieu des vignes et de viticulteurs, ce qui ajoute à mon appréciation. Pour moi, les Alsaciens sont des battants, qui veulent faire avancer les choses et qui ne se reposent pas sur leurs lauriers. L’identité alsacienne est très forte et je pense qu’on la gardera toujours, même si la région s’agrandit. Je suis assez d’accord pour regrouper les départements dans l’objectif de limiter les coûts. Mais quel que soit le choix de rapprochement, l’Alsace restera très forte. J’ai remarqué que le syndrome Albert Schweitzer persistait au sein de la population. Soit on reste enraciné, comme 90% des gens, soit on va à l’autre bout du monde pour entreprendre, parfois avec des projets fous. En tous les cas, il y a énormément d’entrepreneurs d’origine alsacienne. À Paris, j’ai la chance d’en croiser régulièrement – chefs d’entreprise et artistes talentueux – via le réseau et les événements organisés par la Maison de l’Alsace. Même si je vis à Paris, choisie pour les opportunités liées à mon métier, je reste attaché à ma région où je reviens au minimum deux fois par an. Toute ma famille s’y trouve à l’exception de ma sœur qui vit en Allemagne. Mon frère y vit encore, mais des envies de voyages semblent le titiller et il ne devrait pas tarder à se lancer.

Propos recueillis par Françoise Herrmann

05/09/2014Partager