l’usine du futur, c’est maintenant!

Le concept d’usine du futur est une évolution inéluctable pour les acteurs économiques. Défi pour l’emploi et la compétitivité, il englobe une révolution numérique des industries, de nouvelles stratégies de production et une optimisation des ressources.

Repères

28 %

La part de l’emploi industriel dans l’emploi total

2000

Le nombre de PME diagnostiquées par l’État français

Source: CCI

 

L’usine du futur fait partie des 34 plans de reconquête industrielle lancés par le Gouvernement à l’automne 2013. Financés à hauteur de 4 Md€, ils doivent permette à la France de gagner des parts de marchés, voire de retrouver son rang dans la bataille mondiale. Des initiatives similaires ont été prises aux États-Unis et en Allemagne, où est né le concept de « l’industrie 4.0 ».

Dans le projet d’industrie du futur à la française, l’homme se situe au cœur du projet. Le défi est double : moderniser les outils de production existants et, surtout, concevoir les processus et outils de production de l’avenir. Les experts s’accordent à dire que l’usine de demain devra adapter ses modes de production aux nouvelles demandes des clients – petites séries, personnalisations, etc. L’homme, remis au cœur de la relation homme-machine, devra être plus proche de son écosystème local – clients, sous-traitants et fournisseurs.

Un plan d'action pour l'usine 4.0

L’État français a prévu de diagnostiquer quelque 2 000 PME (petites et moyennes entreprises) et ETI (établissements de taille intermédiaire) au niveau national qui seront potentiellement financés pour leur modernisation. Cet accompagnement méthodologique et financier se fera sous le co-pilotage des régions qui financeront un certain nombre de diagnostics. Soutenus par BPI France, les prêts labellisés « usine du futur » sont cumulables jusqu’à 12 M€ par entreprise et par le biais d’un amortissement accéléré.

L’Union européenne soutenant par ailleurs les projets de développement au travers de son programme Horizon 2020. Comme le souligne Bernard Charlès, co-chef de plan UF chez CEO Dassault, « l’usine du futur devra donc être « plus intelligente, agile, centrée sur l’homme, connectée à son écosystème, intégrée au territoire, respectueuse de l’environnement et, à l’évidence même, rentable ».

Hebeco Plastic à Colmar, spécialiste de l’injection plastique bénéficie d’un parc de presse à injection entièrement robotisé © Nis&For

Une thématique portée par les CCI

Lors de la dernière assemblée générale de la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin, le président Jean-Luc Heimburger a mis en avant les enjeux liés à ces usines du futur : « faire émerger une nouvelle culture industrielle afin de faire évoluer nos entreprises et leur permettre de rester compétitives, en créant de la richesse et de l’emploi ». Un objectif qui s’inscrit pleinement dans les missions d’accompagnement des CCI. D’ores et déjà, les services de la CCI de Région Alsace ont identifié les entreprises répondant aux principaux enjeux, technologiques, humains et organisationnels de l’industrie du futur.

L'usine du futur, un atout pour l'économie alsacienne ?

Ont été analysées leurs capacités à répondre avec plus d’efficacité et de performance aux contraintes nouvelles : flexibilité de la production, optimisation des ressources, développements numériques et gestion des ressources humaines. Il s’agit de capitaliser sur leurs atouts et leur créativité pour façonner l’industrie du futur. De nombreux exemples d’entreprises innovantes existent en Alsace, de l’entreprise de plasturgie qui alimente ses presses en matières premières et énergie par le sous-sol (voir en page 25) à l’unité de torréfaction pilotée par smartphone (cf. Cafés Reck) au bâtiment intelligent.

« Le rôle de la CCI est de faire de ces entreprises leaders des modèles inspirants pour les autres », assure Éric Bonnin, directeur de l’appui à l’industrie. « Aujourd’hui chaque industriel doit imaginer des solutions de nouvelle génération pour rester compétitif, garder sa place sur le marché ou proposer une meilleure offre ». En France, des start-ups et des laboratoires travaillent sur les équipements de ces industries du futur, en particulier sur les capteurs qui devront être de plus en plus intelligents et miniaturisés, communicants et autonomes en énergie. « C’est en coopérant avec les Universités et avec les écoles d’ingénieurs que les entreprises arriveront à progresser », ajoute Serge Rulewski, conseiller technique à la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin.

© Nis & For

Des usines intelligentes et connectées

« Alors que dans l’usine 3.0 l’innovation se mesurait en années, dans l’usine du futur elle se compte en mois, voire en jours », observe Jean-Luc Beylat, vice-président du pôle de compétitivité mondial System@tic, dans une enquête publiée par l’Usine Nouvelle en mars dernier. « Il faut aller vers des organisations non figées, plus agiles, avec des compétences différentes. Les capteurs ne se contenteront plus de délivrer l’information en continu, mais d’échanger des données ».

Les usines intelligentes et connectées de demain permettront-elles pour autant de doper l’économie ? Certaines retombées semblent évidentes, comme l’amélioration de la maintenance de l’outil de production et des machines fabriquées, mais aussi celle des objets produits, conçus dans des délais réduits. A contrario, ces usines ultra-modernes ne seront-elles pas moins gourmandes en main-d’œuvre ? s’interrogent certains économistes. Les plus optimistes croient à l’effet sur la productivité, voire au rapatriement d’emplois jusque-là délocalisés dans des pays à bas coût. Rendez-vous dans cinq ans.

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