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Télétravail : un contrat de confiance

le télétravail connaît un engouement certain de la part des salariés qui le pratiquent. Pour autant, au regard des contrats signés, l’adhésion des employeurs semble mitigée. Une question de mentalités?

Repères

24

organisations ont inscrit le télétravail dans leur mode de fonctionnement, dénombrant 229 télétravailleurs.

54 %

des répondants ont identifié des collaborateurs effectuant des trajets de plus d’une demi-heure

Sources: Les notes de l’Adeus, n° 87, novembre 2012

 

Une enquête commanditée par le Ministre en charge de l’industrie publiée en mai 2012 montre que la productivité des télétravailleurs est supérieure de 22 %.

 

Contrairement à certains pays comme la Finlande, les États-Unis ou la Suède, où l’on dénombrait respectivement 32,4%, 27,6% et 26,8% de télétravailleurs en 2007, la France faisait piètre figure avec 8,4% de «pratiquants». La publication de la loi de mars 2012 donnant un statut au télétravail dans le code du travail et un rapport remis à Bercy affichant 12,4% de télétravailleurs français augurent-ils de nouveaux développements? Les services de l’État et les acteurs économiques alsaciens l’espèrent, misant notamment sur la généralisation des technologies de l’information et de la communication et l’apport du «cloud»*. «Le numérique a modifié les modèles d’organisation de l’entreprise, les relations interpersonnelles entre ses collaborateurs ainsi que celles avec les acteurs extérieurs. Il transforme également les formes d’exercice du pouvoir et de l’autorité au sein de l’entreprise», souligne Pascal Buffard, président du CIGREF (Réseau de Grandes Entreprises) et président d’Axa Technology Services dans la préface de l’ouvrage, «Entreprises et culture numérique». Mais comment le travail à distance est-il appréhendé par les employeurs? En Alsace, une enquête menée en 2012 par l’ADEUS, dresse un état des lieux relativement précis des pratiques et des approches. Visiblement, le développement du télétravail ne fait pas partie des préoccupations prioritaires de certaines structures déjà en proie à des changements plus structurels. Parmi les freins évoqués par les répondants à l’enquête, nous retiendrons la complexité de la mise en œuvre du télétravail ou encore le risque d’une perte de communication entre collaborateurs. Un autre point est lié au management avec une interrogation sur le temps passé à la tâche, difficile à contrôler. «Les salariés travailleront-ils réellement à leur domicile? N’en profiteront-ils pas pour faire autre chose?» La plupart du temps, l’employeur impose au salarié d’être joignable pendant des plages horaires fixes. Ensuite, c’est une histoire de confiance et de stratégie à mettre en place. Les entreprises doivent accepter de revoir leur mode de management, en écartant leurs a priori et en précisant les objectifs des salariés dans un ordre de mission.

© Dorothée Parent

À domicile ou dans des tiers-lieux

L’enquête de l’ADEUS montre également que le télétravail est souvent assimilé à du travail à domicile. Or il prend des formes bien plus variées, du travail gris ou informel (ce sont des personnes qui travaillent en dehors du bureau sans contractualisation avec leur employeur) au télétravail dans des tiers lieux aménagés à dessein. Dans ce cas précis, le télétravail contribue à rééquilibrer le territoire tout en diminuant les coûts de l’énergie, de transport et de parc immobilier. À noter que les télécentres ont commencé à pointer le bout de leur nez bien avant la loi de 2012. Lieux de travail ergonomiques, accessibles et reliés en très haut débit à Internet, ils permettent de travailler à proximité de son domicile en sortant de sa sphère privée. Les utilisateurs des télécentres sont des salariés, des entrepreneurs, des sociétés utilisatrices de visio-conférence HD ou de simples citoyens. Pionnier du genre, l’ADEC, né en 1995 à La Walck. Ce télécentre est aujourd’hui connecté en permanence avec 600 «co-workers» établis dans 15 pays. Il a une vocation de partage des connaissances. «Grâce à l’open-source (les logiciels libres), on peut lancer une plate-forme collaborative en moins de deux jours», souligne Catherine Ledig, directrice de l’ADEC et membres associée à la CCI de Région Alsace. Au fil des ans, d’autres télé-centres se sont déployés du nord au sud de l’Alsace, en passant par Strasbourg. Des bureaux satellites sont ou seront installés dans toutes les communes qui seront volontaires. L’intérêt des salariés pour le télétravail est indéniable, en témoigne l’ouvrage co-écrit par Nicole Turbé-Suetens, consultante, «Le télétravail en France, les salariés sont prêts!» Reste à convaincre les employeurs.

Salariés prêts, dirigeants frileux

Pour sensibiliser les entreprises, le gouvernement a choisi deux régions pilotes, la Basse Normandie et l’Alsace. Et c’est avec la DIRECCTE Alsace** que la CCI de Région Alsace s’est fixé pour objectif d’accompagner une quinzaine d’entreprises dans la mise en place du télétravail. En les aidant à établir des règles claires de communication, à définir des objectifs précis et mesurables. En insistant, comme l’a souligné l’Obergo (Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ERGOstressie) sur la nécessité de professionnaliser la gestion du télétravail, en intégrant l’organisation de l’espace et du temps de travail chez les télétravailleurs.*Cloud computing: une nouvelle manière de fournir les aptitudes des systèmes informatiques, basée sur les nuages (cloud en anglais)**Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

09/09/2013Partager